Les Chroniques de l'Imaginaire

La tentation des Templiers - Hurel, L.P.

Nous sommes en 1231 et la vie de la jeune Alix de Trevise vient de basculer. Son oncle, le démoniaque comte de Lavoy, est bien décidé à l'épouser pour capter son héritage, et il ne reculera devant rien. Son frère Amédée y a laissé la vie, et elle-même n'a trouvé de salut que dans la fuite. Un plan aussi désespéré qu'audacieux s'impose à elle : en se faisant passer pour Amédée, dont le décès n'est connu de personne, elle pourrait se réfugier dans la commanderie d'Arville, où son frère comptait se faire templier. Personne n'irait chercher une jeune fille de bonne famille dans les rangs de l'ordre de moines-soldats !

Dissimuler son identité, prendre une voix plus grave et se bander la poitrine, s'entraîner quotidiennement au combat avec des jeunes hommes bien plus musclés et aguerris qu'elle, réfréner son penchant aussi irrépressible que malvenu pour Gautier, son camarade de chambrée, autant d'épreuves qu'Alix devra surmonter si elle veut échapper au comte. Et comme si cela ne suffisait pas, il se passe des choses étranges dans les couloirs de la commanderie. On parle d'un mystérieux trésor confié à la garde de l'ordre, un trésor qui attiserait bien des convoitises...

La tentation des Templiers est un roman historique de facture classique, mais plaisant à lire. On s'attache rapidement à Alix, qui fait de son mieux pour échapper aux situations déplaisantes dans lesquelles elle se retrouve régulièrement plongée. Les personnages qui l'entourent ne sont pas particulièrement fouillés, mais ils le sont suffisamment pour jouer leur rôle dans l'intrigue. Le cadre médiéval est bien rendu, en particulier les us et coutumes propres à l'Ordre du Temple, dépeint de manière crédible et sans tomber dans les délires mystico-complotistes auxquels le nom de « templier » reste encore trop attaché. Il n'y a guère qu'une poignée de choix de vocabulaire malheureux pour brièvement briser l'immersion (même utilisé par le narrateur, un mot comme « écosystème » jure dans le contexte du treizième siècle).

L'intrigue est rondement menée, la tension étant savamment entretenue par l'alternance entre les points de vue d'Alix et Gautier. Les soucis personnels d'Alix et ses peines de cœur sont également contrebalancées par l'affaire politique dans laquelle elle se retrouve impliquée à mi-parcours et qui relance le récit après une phase où elle semble enfin avoir trouvé sa place à Arville. Dommage que, sans rien divulgâcher, la résolution finale repose sur un énorme deus ex machina, comme si l'autrice était tombée à court d'inspiration au moment de tirer son héroïne du piège mortel où elle l'avait fait tomber.

Ce petit bémol mis à part, j'ai bien aimé ce roman. Il est simple sans être simpliste et suffisamment prenant pour ne pas avoir envie de le lâcher avant la fin.