Les Chroniques de l'Imaginaire

Le miroir de nuit (La saga de l'Emeraude - 1) - Hel, Ardell T.

Roumanie, XIXème siècle. Suite à un accident, deux jeunes Anglais se retrouvent perdus en forêt. Après une longue errance sous un orage battant, ils trouvent refuge dans un château qui semble de loin abandonné et lugubre. Ils ne sont pourtant pas seuls, et le propriétaire des lieux les accueille chaleureusement. Le comte Stanislas est seul mais dégage une forte présence, et contre toute attente l'intérieur de sa demeure est élégant et raffiné. Soulagés, les voyageurs épuisés peuvent aller se reposer dans des chambres magnifiques.

Le lendemain matin, rien ne va plus. Sebastian Dawley se réveille dans une auberge modeste. Plusieurs jours lui sont nécessaires pour retrouver la trace du château. Les habitants du hameau voisin, terrorisés par le comte, l'encouragent à s'enfuir sans demander son reste, et surtout à rester loin de la lugubre bâtisse et de son occupant, de sinistre réputation. On chuchote qu'il est un Nosferatu, un vampire... Pour le jeune homme, il n'est pas question d'écouter ce qu'il considère comme des sornettes : sa cousine Antha est restée prisonnière du comte et il est bien décidé à sauver l'adolescente !

Le miroir de nuit est un roman gothique qui rappelle intensément les références du genre, bien loin des vampires sexy et sympa qui pullulent dans la littérature actuelle. L'ambiance y est troublante et angoissante, les meurtres sont nombreux et expéditifs, les rumeurs et avertissements entretiennent une inquiétude constante vis-à-vis du comte. Celui-ci est un personnage qui présente plusieurs facettes : tantôt il est un monstre cruel et impitoyable, tuant et faisant souffrir sans manifester le moindre état d'âme ; tantôt il est un hôte prévenant qui fait preuve de toutes les attentions envers Antha, ou un loup noir qui joue avec elle gentiment comme le ferait un chien fidèle. Cette ambivalence laisse indécis à son sujet, on devine que son passé cache de sombres secrets, mais on reste longtemps dans le flou à l'image des humains qui lui sont opposés.

J'avoue rester d'ailleurs dans une certaine confusion vis à vis des personnages, même en ayant achevé ma lecture. Je ne suis pas sûre d'avoir tout compris au passé du comte et aux motivations et objectifs des divers intervenants. Cela me laisse avec une impression un peu étrange... qui colle bien avec le roman, en fait ! Le focus est fait tantôt sur Sebastian, qui essaie sans grand succès de délivrer sa cousine, tantôt sur Antha, confrontée directement au vampire.

L'écriture est plutôt belle et agréable. Les efforts pour améliorer le texte sont parfois un peu trop visibles, comme avec la surabondance d'occurrences de "canidé" ou "équidé" pour parler des loups et chevaux. Cela n'est cependant pas réellement gênant et le texte se lit avec plaisir.

J'ai été un peu plus incommodée par le rythme inégal du récit. Certains passages teintés d'angoisse sont particulièrement évocateurs, et il y a de très belles scènes gothiques ainsi que des moments d'action forts. A l'opposé, les récits renseignant sur le passé du conte, relatés par des témoins, manquent totalement de tension et cassent complètement le rythme.

Je voudrais souligner que je trouve la couverture magnifique, et tout à fait dans le ton.

Au final, c'est une lecture qui plaira aux amateurs de vampires à l'ancienne et d'atmosphères angoissantes.