Au Japon, quelque part dans les années nonante, deux amis d'enfance devenus adultes veulent monter dans leur organisation respective. Chiaki Asami est le secrétaire d'un parlementaire du Parti démocrate-libéral vissé à son siège à la Diète. Akira Hojo est le gérant de Hokushokai, petite entreprise, façade pour un groupe local de yakuzas.
L'un et l'autre veulent changer le Japon, secouer l'arbre gériatrique qui tient le pays dans ses branches arthritiques et fripées. Les deux jeunes ont de nouvelles méthodes et ils débordent d'ambition.
S'ils peuvent compter sur leur solidarité, leurs aînés n'ont aucune envie de voir leurs privilèges évoluer et ces hommes bien en place ont également de solides relations de tous les côtés de la loi, qu'ils établissent entre eux...
L'ambition de Hojo et d'Asami est sans pitié mais ils vont devoir faire face à un autre joueur, la nouvelle commissaire Kyoko Ishihara qui n'attend que de faire ses preuves dans une police machiste.
Vous connaissez ces thrillers que vous n'avez pas envie de refermer ?
Sanctuary en fait partie. Sho Fumimura a écrit une histoire captivante avec ce duo de jeunes aux dents longues, avides de changement dans une société ultra conservatrice. Le récit fonctionne à merveille. Les personnages principaux ont un charisme impressionnant et une intelligence terriblement retorse - la condition absolue pour survire et espérer arriver à leurs fins dans un monde qui veut faire du sur-place. Fumimura développe Hojo et Asami avec brio, en renvoyant subtilement le lecteur vers d'autres inspirations littéraires (je ne peux m'empêcher de trouver une ressemblance entre Asami et le Exley (fils) de Ellroy, avec un petit air d'Hammet pour l'ambiance) ou cinématographique (Usual suspects, Les infiltrés ou Miami vice pour l'atmosphère de l'époque...).
L'ensemble est mis en images par Ikegami de manière ultra réaliste, voire photoréaliste pour certains environnements urbains. Le dessin est fluide et parfaitement lisible. La qualité du travail des deux auteurs de ce manga pour adultes est de très haut niveau.
Sanctuary n'est pas un manga récent - 1990 pour la première parution - mais reste tout à fait au goût du jour. Cette réédition, modestement intitulée Perfect edition, en double volume chez Glénat le met bien en valeur. Pour l'anecdote, le conseil de lecture qui m'a poussé dans les pages de ce bouquin vient d'une suggestion pleine de sagesse d'un article culturel de L'Echo, le journal financier et économique belge francophone !
En conclusion, Sanctuary est une œuvre dense et passionnante sublimée par un graphisme relevé.
