Les Chroniques de l'Imaginaire

Le royaume de Kensuké

Michael, ses parents et sa grande sœur partent faire le tour du monde à bord de leur voilier. Chacun doit faire sa part de travail et, si Peggy suit avec volonté et enthousiasme les directives de ses parents, il n'en est pas de même pour Michael qui s'ennuie et ne prend aucun plaisir à participer aux différentes tâches. Il accepte néanmoins de tenir le journal de bord, qui relatera toutes les merveilles qu'ils ont vues au cours de leur voyage.

Une nuit, tout bascule. La tempête fait rage et Michael est emporté par une vague. Ballotté dans l'océan, Michael se réveille sur une plage, au pied d'une falaise infranchissable. Il est désormais seul, livré à lui-même. Enfant de la ville, le jeune garçon ne sait pas comment trouver de l'eau douce, ni à manger. Jusqu'au jour où, à son réveil, il trouve une moitié de noix de coco remplie d'eau et des morceaux de poisson déposés à son intention.

Il découvre alors qu'il y a une autre personne dans les parages : Kensuké. Un ancien soldat japonais avec qui le courant passe mal au début. Puis les deux êtres s'apprivoisent. Kensuké fait entrer Michael dans son royaume, une maison perchée au sommet des arbres, qu'il a bâtie lui-même. Bien que Michael et Kensuké ne parlent pas la même langue, ils parviennent à communiquer. Tous deux ont perdu leur famille et ce triste point commun les unit. Leur lien d'amitié va se renforcer lorsque les orangs-outans qu'ils protègent vont être menacés par la venue de braconniers.

Le royaume de Kensuké est un film merveilleux. La réalisation est magnifique, très réaliste tout en gardant une vraie âme de dessin animé. La technologie se perçoit mais ne se voit pas. Les scènes sur le bateau sont déjà très belles mais l'apogée de la beauté du film a lieu sur ce bout de territoire au bord de la mer, entre plage et jungle. Tant que Michael est coincé dans un environnement hostile, tout est gris, brumeux. Puis lorsqu'il commence à se sentir plus en sécurité et à sortir de son bout de plage, la nature devient luxuriante, sublime et envoûtante. Quant aux personnages, leurs expressions sont extraordinaires, avec leurs yeux rieurs, leur moue frondeuse, leur regard nostalgique... Ils sont extrêmement attachants.

Michael et Kensuké tissent une belle relation, un pas après l'autre. Le jeune garçon apprend à s'émerveiller, à écouter la nature, à la respecter. Le désintérêt qu'il affichait sur le bateau vole en éclats aux côtés du sage Kensuké. Avec lui, il développe ses talents de dessinateurs, qu'il avait déjà mis en pratique sur son journal de bord. Il apprend à cultiver, à bricoler, à fabriquer sa peinture. Sur ce territoire, pas de magasin, pas de technologie, pas d'électricité. Seulement un sens pratique, de la débrouillardise, de la volonté et la sérénité de l'instant présent. L'amitié est venue parfaire ce cocon dans la nature, briser une solitude qui se fait parfois pesante pour le vieil homme quand il se laisse aller aux souvenirs.

Avec beaucoup de poésie et d'émotions, ce film d'aventures porte de belles valeurs d'amitié, de solidarité, de respect de la nature. il ravira les enfants (dès huit ans) aussi bien que les plus grands. Un film d'animation absolument sublime.