Les Chroniques de l'Imaginaire

Courage (Le Royaume de Pierre-d'Angle - 4) - Quiviger, Pascale

Le roman commence quelques heures après la fin du précédent, au moment où un batelier repêche dans la Constante le corps du roi Thibault avec une pointe de flèche dans la gorge. Sur le chemin du Château, il est arrêté, et on n'entendra plus jamais parler de lui. En effet, Jacquard à ce moment-là a déjà pris le pouvoir et entend l'exercer sans aucune contestation possible. Aussi invite-t'il à venir de Lamotte l'affreux Malaquias de Puente-Saez, "propriétaire" d'Ema. La petite Miriam est déclarée bâtarde et Ema disparaît.

Toutefois, le règne de Jacquard n'est pas aussi incontesté qu'il aimerait le croire : Guillaume Lebel est disparu, présumé mort, mais Lysandre est toujours libre, Esmé reste fidèle au plan d'action concocté par Thibault, et un nouveau venu envoyé par le roi Fénelon, de Bergerac, Mercenaire, parvient sans en avoir l'air à limiter quelque peu les exactions de Jacquard.

Ce roman très attendu conclut en beauté cette série atypique. La prise de pouvoir de Jacquard, comme sa cruauté en général, s'explique enfin, ainsi que la nécessité de la survie de Styx au tome précédent. De façon plus générale, la construction est impeccable, et permet de rassembler tous les fils restés en suspens dans les précédents opus. La réapparition des dirigeants de Lamotte, comme de l'affreux Puente-Saez, élucidée par l'amiral Dorec, en est un exemple.

L'atmosphère en est sombre : ce n'est plus, comme dans le tome précédent, que l'on sent l'obscurité approcher, mais qu'elle est là, bien installée et parfois étouffante. Heureusement, la tendresse évidente de l'autrice pour ses personnages, et son souci du détail, souvent incongru, permettent au lecteur de respirer entre les menaces. D'ailleurs, comme les menaces en question sont majoritairement dirigées vers des personnages antipathiques, elles paraissent bien plus supportables.

Ce quatrième tome confirme l'homogénéité de cette série de haute volée, qui aura su garder l'intérêt de ses lecteurs tout du long, alors même que chaque roman avait ses propres problématiques, et malgré ce changement du ton relevé dans le troisième. L'autrice aura su maintenir également - et ce n'est pas son plus mince exploit ! - l'équilibre entre réalisme plus ou moins magique et fantasy classique, l'origine de la Catastrophe en étant l'exemple le plus flagrant. C'est pourquoi ce tome est un de mes rares coups de coeur, celui-ci portant en fait sur la totalité de cette série hors du commun.

Une autre homogénéité maintenue en splendeur est celle des couvertures : Aurélien Police s'est à mon avis surpassé dans cette série, avec ses illustrations à la fois magnifiques et parfaitement appropriées. Chapeau, l'artiste !