Les Chroniques de l'Imaginaire

L'écho du lac - Kassabova, Kapka

Kapka Kassabova est née en Bulgarie, puis sa famille a émigré en Nouvelle-Zélande. Adulte, elle est partie à son tour pour s'établir en Écosse. Kapka décide un jour de se pencher sur son histoire familiale, sur cette lignée de femmes fortes, et retourne à l'origine de sa famille : le lac d'Ohrid en Macédoine du Nord. Pendant des semaines, elle va arpenter les rives du lac, suivre les traces de sa famille, rencontrer des cousins, des inconnus qui tous sont liés à vie avec ce lac. Chacun a sa vision de la vie, beaucoup sont partis mais tous sont revenus, inexorablement attirés par cette région, et surtout ce lac qui les définit, les influence et qu'ils ont dans le sang.

L'auteure a l'intelligence de nous livrer un récit sur sa famille, ses origines mais aussi de lier cette histoire avec celle de la région, des pays qui ont existé puis disparu, des envahisseurs de passage ou restés eux aussi. Ce sont plusieurs siècles qui sont passés en revue, Kapka Kassabova nous conte une histoire compliquée de ce lac d'Ohrid, subissant les influences de différents empires, de différentes religions et marquée par un code d'honneur qui laisse des marques de sang dans chaque famille. Cette région est un vrai melting-pot de nationalités, de religions, de croyances qui ont façonné le caractère dur de ses habitants, de ces hommes de peu de paroles et de ces femmes au caractère bien trempé qui ont souvent dû faire face seules à l'absence de leurs maris et lutter pour la survie de leurs familles.

Le récit est riche d'anecdotes sur les habitants et mêle habilement l'Histoire, les mythes du lac, les croyances et les descriptions de ces paysages qui ont l'air époustouflants. Tout est intéressant dans ce livre et c'est une découverte surprenante d'une région peu connue et qui souffre d'une image peu reluisante du fait de la présence successive de régimes politiques plus ou moins tyranniques. Une phrase m'a marqué dans cet ouvrage, celle que les habitants du coin adressent à l'auteur : À qui appartiens-tu ? Car pour eux, ses origines la définissent et généralement c'est avec bienveillance qu'elle est accueillie par des inconnus car reconnue comme étant une femme de la région.

C'est une société patriarcale, archaïque, que l'auteure nous décrit, où les femmes n'ont que le second rôle et qui ne donne pas envie de naître femme là-bas. Mais pas de ressentiments dans ses écrits, elle tente juste de comprendre ce qui définit l'identité macédonienne, et pourquoi des gens ont fui cette contrée mais ont fini par y revenir pour terminer leur vie.

On comprend mieux après cette lecture pourquoi la salade macédoine porte ce nom, car cette région est un enchevêtrement de cultures, de religions, de langues et qui au fil de son histoire est passée entre les mains de différents empires, pays qui ont tous tenté d'éradiquer celui qui l'avait précédé.

C'est intéressant, passionnant souvent et jamais on ne se lasse de découvrir de nouvelles anecdotes sur la contrée, on attend avec impatience chaque nouvelle rencontre qui va nous faire découvrir une autre facette de cette région montagneuse et de ses habitants. Si après cette lecture vous n'avez pas envie de découvrir cette région, regardez les images disponibles sur le net et vous finirez d'être convaincus.