Marie est conductrice de train minier dans le nord du Québec. Dans ce monde presque exclusivement masculin, elle dénote vraiment ; ancienne chauffeur routier, elle a de la répartie, du bagou et ne se laisse pas malmener par les machos autour d'elle. En plus, elle est métis, moitié Française et moitié autochtone par sa mère. De quoi s'attirer quelques inimitiés. Un jour, alors qu'elle convoie seule un immense train minier, un incident se produit où elle fait la rencontre fortuite d'une mythe local, un géant que peu ont aperçu mais qui fait parler de lui.
Cette rencontre hors du commun va bousculer sa vie, ses certitudes et son regard sur elle et sa famille.
Au cours de ce récit, ce n'est que par bribes que l'on découvre l'histoire familiale de l'héroïne. Cela permet de comprendre petit à petit ce personnage, ses réactions et son caractère bien trempé. Isabelle Grégoire aborde le sujet de la place de la femme dans la société et de la difficulté de se faire accepter dans des métiers exclusivement masculins jusque-là. Mais elle nous parle aussi d'écologie, des combats des autochtones pour récupérer leurs territoires. Du conflit entre préserver un paysage, une culture et la nécessité de travailler et d'exploiter la terre pour en tirer des richesses. J'ai aimé les descriptions des paysages, de la dureté de la vie dans ces paysages enneigés. J'ai apprécié le personnage de Marie, sa complexité et son franc parler. Les expressions québécoises sont savoureuses, l'écriture sans fioriture. Le rythme ne faiblit pas et nous fait tourner les pages presque compulsivement.
Mon seul bémol concerne le personnage du géant, qui d'intéressant devient petit à petit caricatural, ainsi que la fin de l'intrigue qui m'a laissé perplexe. Trop hollywoodien à mon goût.