Les Chroniques de l'Imaginaire

La disparue d'Akiba (Tokyo Mystery Café - 1) - Atelier Sentô

Nahel rêve de devenir mangaka et c’est tout naturellement qu’il a décidé de tenter sa chance au Japon, là où les studios d’artistes pullulent et où il pense qu’il pourra mieux évoluer. Il s’installe au-dessus du magasin d’électronique de Mirai, un vieux monsieur installé au cœur du quartier d’Akihabara à Tokyo. Mais il s’aperçoit vite qu’être admis dans une équipe ou un studio n’est pas une sinécure.

Une nuit, il découvre son logeur agonisant sur le sol d’une pièce, et celui-ci lui confie une clé et lui demande de protéger… Mais qui ? Il n’aura pas la réponse car les agresseurs de Mirai sont encore là et se lancent à la poursuite de Nahel. Aidé tout d’abord par Soba, une jeune adolescente, Nahel va réussir à s’enfuir et ils se réfugient tous deux au Mystery Café. Le jeune homme découvre très vite que ce café cache en fait l’une des meilleures agences de détective de la ville, et il se trouve embarqué à la recherche de ceux qui ont attaqué son logeur. Et d’une mystérieuse jeune femme qui aurait logé chez lui.

J’aime beaucoup l’atelier Sentô et ce premier tome de Tokyo Mystery Café est une très jolie réussite. Sur un scénario au départ un peu banal, se développe une histoire qui s’enrichit très vite et qui mêle un brin d’anticipation, de la pop culture, et un amour visible pour le Japon et sa culture.

J’ai trouvé très intéressant le développement du personnage de Mio, le robot développé par Mirai. En effet, ce personnage peut nous faire nous interroger sur l’utilisation de l’IA et ce que les hommes peuvent en faire, c’est-à-dire le pire comme le meilleur. Par exemple, les Japonais sont friands de nouvelles technologies, au point d’avoir une chanteuse virtuelle en hologramme qui a fait les premières parties des concerts de Lady Gaga en 2014, et Mio est censé remplacer une chanteuse réelle, qui arrive à un âge jugé trop vieux pour continuer à être une « idole ». Jusqu’où la technologie pourrait-elle remplacer l’être humain ? Et à quel point les humains accepteront d’être remplacés ? Je trouve ces questions très pertinentes à l’heure où les IA commencent à envahir le paysage.

Du côté des autres personnages, ils sont tous très bien campés, et on s’attache assez vite à eux car on a envie, tout comme eux, de découvrir où est Mio et pourquoi elle est autant recherchée. J’avoue que la bouille et les attitudes du chien — prénommé Watson, élémentaire n’est-ce pas ? — sont aussi très réussies.

A la fin du volume, il y a un petit dossier sur la préparation de cette BD, et on voit que les auteurs ont été très consciencieux en allant passer deux mois complets à faire du repérage, des photos et des mises en situation à Tokyo. Cela donne des cases très vivantes avec des angles de vue saisissants et très intéressants à découvrir. Un mélange réussi entre BD franco-belge et seinen survolté.

Bref, j’ai beaucoup aimé, que ce soit du point de vue du dessin ou de la mise en page que du scénario. J’espère que ce premier tome se vendra bien car j’ai très envie de retrouver tous les personnages dans d’autres aventures !