Après leur rencontre inquiétante avec le brick des pirates, Cochrane et sa troupe se dirigent vers les Cornes du Diable, où Cochrane est convaincu qu'il trouvera l'accès au domaine souterrain des Anciens. L'entrée se présente sous une forme inattendue, mais non moins utilisable pour The Rocket, qui leur permettra de parcourir une grande distance sans s'épuiser et en toute sécurité, si l'on compte pour rien les attaques des ailes noires et la traîtrise de Corrochano.
Déterminés à retrouver ce dernier et le jeune Glennie, les explorateurs finissent par arriver dans une salle ressemblant à une salle d'opération, contenant le jeune homme, et un être agonisant, dont les membres se terminent par des sortes d'étoiles de mer, comme la tête. D'une salle de ce gigantesque complexe à une autre, tous vont de surprise en surprise, et Lord Cochrane, fidèle à lui-même, ne peut s'empêcher de faire des suppositions audacieuses.
Ce tome démarre avec un rappel détaillé, et une reprise, de la fin du précédent. Même avec ces éléments, je doute qu'il soit possible de l'apprécier sans avoir lu Lord Cochrane et le trésor de Selkirk. Le gros avantage, c'est qu'on est immédiatement plongé dans l'action, là où le tome 3 avait mis beaucoup de temps à démarrer, afin de planter le décor géopolitique nécessaire à la compréhension de l'intrigue.
Ce tome m'a paru particulièrement bien équilibré : on ne s'y ennuie pas un instant, mais le rythme des évènements n'est pas précipité au point d'essouffler le lecteur, non plus. De plus, la relation entre Lord Cochrane et Mrs Graham évolue de façon intéressante, les rendant encore plus humains et crédibles, et créant une intrigue secondaire dans un domaine tout à fait différent, ce qui distrait agréablement des horreurs du monde de Cthulhu !
En fait, cet opus m'a rappelé le tout premier, dans son équilibre, et dans la découverte d'artefacts vieux de milliers - voire millions - d'années. Je n'ai toutefois pas compris pourquoi l'auteur avait choisi d'utiliser dans cet opus le nom anglais ("Aix roads") de la rade des Basques, qu'il avait désignée sous son nom français dans le premier opus, mais ce n'est vraiment qu'un très léger bémol.
Comme à l'accoutumée, Gilberto Villarroel a pris le soin de détailler en postface quels étaient les éléments et personnages fictifs ou réels qui l'avaient inspiré : pour les lecteurs dans mon genre, fascinés par le processus créatif, c'est toujours bienvenu. D'autre part, la toute fin du roman ouvre sur sa "suite" chronologique, à savoir la visite de Lord Cochrane à Champollion, par laquelle s'ouvre Lord Cochrane vs l'Ordre des Catacombes, ce qui permet de "raccrocher les wagons"... en plus de donner l'envie de relire ce deuxième tome paru.
En somme, aucun essoufflement dans cette série, qui rend ici hommage autant à Poe qu'à Lovecraft, tout en maniant avec maestria la forme feuilletonnesque du roman d'aventures en général, et du roman maritime en particulier. Je ne doute pas que les amateurs de cette série pleine de punch apprécieront autant que moi cette nouvelle parution, et attendront avec plaisir la suite des aventures du "marin audacieux".