Des ouvriers d'une entreprise de démolition entrent dans les caves d'une vieille usine qu'ils doivent réduire en morceaux. Une douce odeur de barbecue les guide jusqu'à ce qu'ils pensent être le point de chute d'un groupe de squatteurs, pour avoir ensuite besoin d'un soutien psychologique pour le reste de leur vie. C'est un fameux barbecue qu'ils découvrent. L'un de ceux qui rendent végétarien. Des morceaux de corps humains grillés, tranchés, rôtis et cuits sont éparpillés dans les sous-sols de l'ancienne fabrique. Sur ces restes, la police scientifique trouvera bien vite des traces de dents humaines...
Au Met, un duo de détectives, Patel et Pardoe, a été reconnu par leurs pairs et leur hiérarchie comme le meilleur pour les dossiers qui puent. Et celui-ci, sous le regard malveillant du démon peinturluré sur le mur à côté du four, a un bon fumet de charogne.
Graham Masterton est un auteur que j'apprécie plutôt. Ses histoires où il mêle notre monde contemporain à du fantastique et à de l'horreur selon la savante recette qui lui est propre marchent en général fort bien, avec des éléments récurrents : les personnages sont immédiatement attachants par leur normalité, l'atmosphère tient le lecteur captif (il aime ça) et on ne s'y ennuie pas - à défaut de trembler de peur. Ces ingrédients sont bel et bien présents dans ce Peuple des ombres.
J'avais envie d'une lecture plus légère après une brique biographique sans humour (néanmoins pas indigeste) et je n'ai pas été déçu de mon choix. Les pages glissent sous les doigts et je ne déposais qu'à regret ce bouquin sur le plan de travail.
Oui, c'est extrêmement gore, oui, Patel et Pardoe sont un couple de flics sympa mais sans originalité, oui, il y a des passages bien tirés par les cheveux et, oui, la structure de l'histoire est totalement prévisible pour qui connaît le genre. Mais la sauce prend, grâce au flegme des policiers britanniques (qui n'hésitent pas à menacer de prison des cannibales) et, surtout, grâce à l'accroche de Masterton.
Le peuple des ombres n'a rien de prétentieux, ne veut pas révolutionner la littérateur d'horreur, il veut juste passer pour un bon divertissement et réussit très bien ce boulot. Je me suis franchement bien amusé tout au long de ma lecture. Sur ce, finies les métaphores culinaires, un bon curry me tenterait bien !