Les Chroniques de l'Imaginaire

Pauline Verdier a disparu - Debacker, Agnès

Alors qu'il s'apprête à entrer dans la bouche de métro pour rentrer chez lui, Simon assiste à une altercation sous le hall d'un immeuble. Il croit apercevoir alors une camarade de classe, qui part en passant à côté de lui. Aucun doute, il s'agit bien de Pauline Verdier. Or le lendemain, la collégienne n'est pas en cours. Simon se demande quoi faire. Et s'il lui était arrivé quelque chose ? Doit-il parler de ce qu'il a vu ?

Entraînant avec lui et de mauvais gré son meilleur ami Sofiane, Simon entreprend d'enquêter. Il découvre alors que Pauline évolue dans un cadre familial compliqué et instable, vivant avec une mère irascible et violente et ayant un père qu'elle n'a pas le droit de voir et qui vit dans la rue. Tant bien que mal, Simon essaye de tendre la main à la jeune fille, qui ne reçoit pas forcément son aide avec l'accueil qu'il espérait.

Pour ce roman, Agnès Debacker s'inspire de son expérience professionnelle d'éducatrice, qui lui donne accès à de multiples histoires d'enfants aux vies difficiles. Elle choisit ici de sensibiliser les jeunes à l'altérité en confrontant trois ados aux parcours différents. Simon a le profil basique d'un jeune sans histoire. Son meilleur ami Sofiane pourrait s'inscrire dans le même schéma mais son prénom et son visage le font basculer dans le délit de faciès lorsque la police est dans les parages. Quant à Pauline, elle représente évidemment le personnage marginal.

Le roman a le mérite de démontrer qu'il ne faut pas juger hâtivement. Derrière les apparences, la réalité peut s'avérer complexe et il faut faire l'effort d'essayer de comprendre avant de critiquer les comportements et propos des gens. Là où la démarche se complique, c'est que Simon s'acharne à être bienveillant avec Pauline alors que celle-ci reste butée et pas sympa. On a du mal à éprouver de l'empathie pour elle et de ce point de vue là, le récit n'atteint pas son objectif.

Les deux garçons forment un duo qu'on se plaît à suivre. Leurs préoccupations, leurs dialogues et leurs attitudes reflètent bien les adolescents actuels. L'histoire en revanche n'est pas assez aboutie. On termine le roman en se demandant quel était le but de l'autrice. Le sujet de l'empathie et de la différence des classes semble être au cœur du récit mais cela manque de profondeur et d'intérêt. Dommage car la littérature jeunesse est un domaine parfait pour aborder ce sujet de société.