Ça ne va pas fort au royaume de Comhghall. La région est envahie par une foultitude d'espèces d'araignées dont la morsure a des effets aussi divers que néfastes : leurs victimes s'enfoncent dans la mélancolie ou sont prises d'une irrépressible soif de violence. Quant à celles qui développent des pouvoirs magiques, les tarentas, elles (car ce sont toujours des femmes) sont impitoyablement traquées et exécutées par les inquisiteurs qui s'efforcent de lutter contre ce fléau. Les petites gens survivent comme elles peuvent, mais l'espoir est une denrée rare dans un pays qui semble voué à étouffer dans la soie des toiles d'araignée.
Au milieu de tout ça, trois malheureux s'efforcent tant bien que mal de survivre : Cillian, un jeune homme gauche qui est la tête de Turc de son village ; Erin, une jeune fille qui subvient tant bien que mal aux besoins de son père alcoolique depuis que sa mère a été exécutée pour sorcellerie ; et Sulyvahn, un ancien inquisiteur devenu vagabond depuis son retour des croisades d'outre-mer. Aucun d'eux n'est exactement celui qu'il semble être et, au fur et à mesure que leurs destins s'entrecroisent, il se pourrait même qu'ils deviennent les sauveurs du Comhghall… ou ses destructeurs.
Ce premier tome du diptyque L'épée, la famine et la peste est un roman de dark fantasy efficace. L'intrigue, pleine d'action et de rebondissements, est solidement construite autour de trois personnages attachants et crédibles. Ils évoluent dans un univers intriguant : s'il repose beaucoup sur les canons établis du médiéval-fantastique, avec une petite touche de féminisme elle aussi devenue courante dans le genre, il présente suffisamment de touches personnelles pour éviter l'ennui et susciter la curiosité. L'omniprésence des araignées donne ainsi lieu à quelques descriptions de lieux particulièrement évocatrices et à quelques scènes qui auront de quoi faire frissonner les arachnophobes.
J'ai tout de même été surpris par les nombreuses ressemblances entre les protagonistes de ce roman et ceux de La fille du feu. Les deux romans présentent en effet une jeune fille dotée de pouvoirs surnaturels, un jeune homme en souffrance mentale et un troisième homme plus âgé dont le passé trouble et le comportement violent le font danser sur la ligne qui sépare le héros de l'anti-héros. Si les dynamiques et les relations entre les deux trios ne sont pas identiques, j'ai eu du mal à me défaire de l'impression qu'Aurélie Wellenstein applique de manière un peu mécanique une formule bien rodée. Mais pas de quoi déconseiller la lecture de ce chouette petit livre.
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