Ça ne va toujours pas fort au royaume de Comhghall. Les araignées continuent à répandre leur venin et leurs toiles, tandis que l'inquisition du Moine écarlate, qui est censée lutter contre ce fléau, en profite pour s'adonner aux pires atrocités au nom du bien commun. N'ayant plus rien à perdre, Cillian le garçon au casque de loup, Erin la tarenta en devenir et Sulyvahn le vétéran désabusé ont décidé qu'il était temps que tout cela s'arrête. Ils s'enfoncent toujours plus loin dans le royaume, réunissant autour d'eux une petite troupe de laissés-pour-compte et de réprouvés et semant le chaos et la désolation sur leur passage. Pour se débarrasser d'eux, le Moine écarlate a fait appel à ses meilleurs éléments, Conrad et Lile. Leur tâche ne sera pas aisée, car Conrad fut jadis le meilleur ami de Sulyvahn, tandis que Lile a elle aussi des secrets à cacher.
En refermant le premier tome du diptyque L'épée, la peste et la famine, nous avions laissé nos héros prêts à défier le reste du monde dans leur quête de justice. Aurélie Wellenstein opère un retournement inattendu en décidant d'adopter au début de ce deuxième tome le point de vue de leurs adversaires Conrad et Lile. À leurs yeux, Cillian, Erin et Sulyvahn sont des individus dangereux à neutraliser au plus vite, et la traînée de destruction qu'ils laissent derrière eux semble donner raison aux inquisiteurs. Conrad est un personnage intéressant à suivre, torturé qu'il est entre son allégeance au Moine écarlate et son ancienne amitié avec Sulyvahn ; il entretient une relation crédible avec Lile, même si la personnalité de cette lionne-garou assoiffée de violence et de sexe est moins fouillée.
L’ambiguïté du début du livre se dissipe à peu près à mi-chemin, dès que l'on retrouve les points de vue de Cilian, Erin et Sulyvahn. Ces derniers ne sont évidemment pas devenus les monstres assoiffés de sang dépeints par l'inquisition, mais ils apparaissent plus troublés et torturés que jamais. Le premier est en passe de vaincre ses démons, mais ce n'est pas le cas des deux autres et leur relation s'en ressent. Erin est troublée par ses nouveaux pouvoirs et l'aura qu'ils lui apportent, tandis que Sulyvahn reste toujours aussi tourmenté par les fantômes de son passé, dont le mystère est finalement dévoilé, ce qui enrichit d'autant le personnage de Conrad.
Comme il se doit dans la conclusion d'un récit de fantasy, l'intrigue monte lentement en puissance tout au long de ce tome, avec de grandes scènes de combat bien décrites mais dont on pourra regretter qu'elles mettent beaucoup en scène des personnages secondaires peu fouillés n'ayant vocation à n'être que de la chair à canon autour des protagonistes. La grande bagarre finale entre les gentils et les méchants et l'apothéose qui s'ensuit sont elles aussi très intenses, même si l'on oscille parfois au bord du grand-guignol.
Dans l'ensemble, les deux tomes de L'épée, la peste et la famine vous feront passer un bon moment de lecture si vous cherchez de la dark fantasy pas trop sombre, avec des personnages attachants luttant au-delà de tout espoir contre leurs démons personnels et contre la cruauté du monde.
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