Entre 1996 et 1997, dans la région de Mons, en Belgique, plusieurs femmes sont retrouvées assassinées et démembrées. Si plusieurs personnes ont pu être suspectées d’être impliquées dans ces meurtres, aucune charge probante n’a permis à ce jour d’arrêter un ou des coupables.
Ce fait divers macabre, surnommé « L’Affaire du Dépeceur de Mons », est au cœur de l’histoire proposée ici par Jack Jakoli. Policier de profession, au sein de la section homicide de la police judiciaire fédérale belge, l’auteur nous plonge dans une ville fictive, tout en s’appuyant sur des faits et des détails sordides relayés par la presse de l’époque et toujours accessibles aujourd’hui.
La détresse des Roses est un thriller réaliste et singulier dont l’originalité est de nous permettre de basculer tantôt dans la tête du tueur, avec ses délires et ses pulsions, tantôt dans la peau de l’enquêtrice qui lui court après.
Les chapitres sont courts et rythmés. Les détails glaçants et particulièrement visuels. Il faut avoir le cœur parfois bien accroché pour tenir la distance et observer les agissements finement prémédités et orchestrés du serial killer. Comment il choisit ses proies, comment il les viole, puis les tue afin d’accéder ensuite à son plus grand plaisir : le découpage des corps à coup d’essais de scies aux dents acérées soigneusement entretenues. Car c’est son moment à lui et rien n’est laissé au hasard pour ne pas risquer de gâcher sa plus grande jouissance.
Et parce qu’il est fier de lui, fier de ce pouvoir qu’il s’octroie sur ces femmes, il faut que tout le monde le sache. Alors il expose son œuvre en disséminant des morceaux. Ici un tronc, là un bassin, ailleurs une tête. Rendant ainsi folles les équipes de police, à la frontière franco-belge, où l’on est tout autant immergé à travers les doutes, le sexisme toxique ambulant, le stress omniprésent, la course contre la montre, les contraintes des moyens à disposition, les tensions personnelles…
Il ne faut rien lâcher car si Jack Jakoli navigue à l’œil dans les rouages internes de la Crim, nous, on se perd parfois entre les différents noms et surnoms attribués à chacun des multiples protagonistes. Néanmoins, ce thriller a le mérite de remettre sur le devant de la scène une histoire qui a fait grand bruit chez nos voisins belges. Avec rigueur et, malgré certains aspects sinistres, beaucoup de pudeur dans un souci de protection des familles et de l’entourage des réelles victimes.
Le petit plus qui ne m’a pas été désagréable : la playlist créée par Jakoli pour favoriser l’immersion de la lecture avec pléthore de références musicales riches et variées. On va de la balade calme et faussement sereine « Secret Garden » de Bruce Springsteen jusqu’au génial (mais nauséeux vu les paroles et les circonstances) « Closer » des Nine Inch Nails en passant par l’électrique rock britannique « Alright » du groupe Supergrass. Petit bémol, le site officiel de l’auteur ayant été balayé par mon détecteur de virus, je vous conseille une plateforme plus classique.