Dans la Bretagne du XIIIe siècle, Thomas est un jeune héraut ambitieux qui accompagne partout son seigneur, le gouverneur de Dinan. Accidenté, celui-ci lui confie une mission : retrouver un de ses vieux amis pour proposer un mariage entre sa fille et le fils du nouveau duc de Bretagne, Pierre de Dreux.
La tâche se révèle bien vite plus compliquée que prévu : André Le Bleau est décédé depuis deux ans. Sa fille Andrée se fait passer pour un chevalier afin de s'approcher du duc de Bretagne, qu'elle compte abattre pour se venger, car elle pense qu'il est responsable de l'assassinat de son père. Thomas peine à convaincre Andrée de ses bonnes intentions, et l'ardeur de la jeune fille les conduit tous deux droit dans les ennuis ! Une seule solution : découvrir ce qui est réellement arrivé deux ans auparavant et pourquoi le vieux noble tranquille a été éliminé.
Il n'est pas courant de lire un manga dans un décor médiéval de chevaliers en armure. C'est pourtant le cas de Chroniques de la mariée de Bretagne, un récit historique réaliste. Il prend place en Armorique, un territoire clé à cette époque puisqu'il fait la jointure entre le royaume d'Angleterre et le duché d'Aquitaine, également fief du roi d'Angleterre alors même qu'il est situé sur le continent. C'est une période de troubles, chaque puissant seigneur essayant d'étendre ses domaines dans un jeu qui mêle combats et alliances politiques.
Si les aventures d'Andrée et Thomas ne font que commencer, leur enquête devrait les amener à croiser les personnages historiques qui ont marqué cette époque et à être témoins des grands événements qui se jouent devant eux. Le mangaka Junji Takehara s'est rigoureusement documenté, et même s'il prend des libertés pour mener son récit, il essaie de respecter les grandes lignes de l'Histoire.
Les deux jeunes protagonistes se complètent parfaitement. Andrée (quinze ans) est une belle jeune fille de quinze ans, mais c'est une combattante et elle ne veut pas quitter son armure de chevalier, dans laquelle elle se sent plus en sécurité que dans une robe. Cheveux coupés courts, épée au poing, elle fonce pour accomplir sa vengeance et ne fait confiance à personne. Thomas (dix-huit ans) est plus réfléchi, droit et fidèle, décidé à tout faire pour aider Andrée et un peu vexé que celle-ci repousse son aide ! Malgré les éléments de mise en place, l'action est incessante et le récit avance à grands pas.
Les dessins s'accordent bien au ton de l'histoire : précis, détaillés, et le plus respectueux possibles de la réalité historique. On peut donc admirer de magnifiques costumes ou des monuments (château, cathédrale...) minutieusement rendus. Les personnages sont également plaisants à regarder, et bien différenciés. Je trouve peut-être qu'il y a surabondance de très gros plans où on ne voit qu'une partie de la tête, mais cela reste mon goût personnel.
Ce premier tome est une excellente mise en bouche et je me suis régalée à plonger dans la Bretagne médiévale. Vivement la suite de cette belle fresque historique !