Les Chroniques de l'Imaginaire

Papa courait les paris - Meriwether, Louise

Harlem dans les années 30.

Francie est une jeune Noire. Elle vit avec sa famille dans un petit appartement, dans un quartier pauvre. Elle raconte son quotidien avec candeur, avec naïveté parfois, mais avec beaucoup de tendresse.

Francie a deux frères adolescents, voyous, paresseux, qui ont des fréquentations douteuses. Sa meilleure amie, Sukie, la passe régulièrement à tabac. Il faut donc savoir l'éviter quand Sukie est en manque de bagarre. Mais elles sont tout de même de très bonnes amies, et c'est auprès d'elle que Francie va toujours se réfugier lorsqu'elle a besoin de compagnie.

Son père court les paris, il ne trouve pas de travail, alors pour rapporter un peu d'argent pour nourrir toute sa famille, il va de personne en personne, de commerce en commerce, recueillir les paris sur le nombre qui va sortir.

Sa mère, à qui le père a interdit de travailler (elle doit s'occuper des enfants et de la maison), réussit à lui faire comprendre que sans travail, ils n'auront pas d'argent, et donc ils mourront tous de faim. Elle fait le ménage chez des Blancs. Mais cela ne suffit pas. Aussi, il va falloir demander les allocations, bien que le père ne veuille pas en entendre parler. Mais l'aide sociale est accordée par des Blancs et peut être très facilement supprimée.

De temps en temps, ils gagnent une petite somme car leur numéro est sorti à la loterie des nombres (dont je n'ai pas vraiment compris le fonctionnement), mais l'argent est vite dépensé et la misère repointe très vite le bout de son nez.

Francie raconte également ses rencontres avec cet homme Blanc étrange qui la suit lorsqu'elle va au cinéma, lorsqu'elle rentre seule chez elle. Comme d'autres hommes, il veut soulever sa jupe en échange d'une pièce. 

Sukie et elle aiment bien aller voir Porcelaine, la grande sœur de Sukie, qui travaille pour Alfred, le maquereau du quartier. Jusqu'au jour où Alfred va se rendre compte que la petite sœur de Porcelaine, Sukie, commence à devenir femme. Cela ne plaira pas à Porcelaine...

Ce petit roman est un maelstrom d'émotions, un condensé de vies, des vies pauvres mais joyeuses, qui côtoient le danger, mais aussi l'amour, la solidarité, l'enfance, la débrouillardise. L'écriture est fraîche, dynamique, joyeuse, malgré la pauvreté qui transpire à chaque ligne. 

Un magnifique récit.