Bernhard Clausen, ancien ouvrier syndicaliste et ex-ministre travailliste, meurt soudainement d’une crise cardiaque. Homme pragmatique et populaire, il incarnait des valeurs sociales-démocrates authentiques qui n’étaient pas au goût de tous, notamment de son propre fils, Lennart.
Ce dernier l’a toujours tenu pour responsable de la mort de sa mère, emportée par un cancer rare et fulgurant, en lui reprochant de ne pas avoir rendu accessibles, alors que Clausen était ministre de la Santé, les soins qui auraient pu lui sauver la vie. Quand deux ans plus tard Lennart meurt dans un accident de moto, Clausen prend peu à peu ses distances avec le monde politique.
Alors forcément la découverte, dans un chalet lui appartenant, de neuf cartons entassés dans la chambre de son fils et remplis de billets de banque, soulève quelques questions.
L’inspecteur William Wisting est chargé par le procureur général de découvrir, rapidement mais surtout discrètement, l’origine de ces quelques quatre-vingts millions de couronnes norvégiennes en valeurs étrangères (euros, livres sterling et dollars) datant toutes du début des années 2000.
Mais cette enquête secrète va prendre une tournure inquiétante lorsqu’en parallèle remonte à la surface une lettre anonyme mettant en cause Clausen dans la disparition mystérieuse d’un jeune homme en 2003…
Ayant raté la sortie de ce sixième tome, je m’étais rabattue sur le suivant, Le mal en personne, que j’avais dévoré et adoré ! Pour celui-ci, La chambre du fils, si j’étais ravie de retrouver l’inspecteur Wisting, l’enthousiasme s’est quelque peu essoufflé à la longue.
L’intrigue est bien construite et relativement prenante, malgré l’aspect politique que je craignais trop prégnant, mais c’est parfois bien trop descriptif et longuet à se mettre en place. On se perd souvent parmi les détails et la liste des différents protagonistes aux consonnances assez similaires qui ne cesse de s’allonger au fil des pages.
C’est le genre d’histoire calme, sans trop d’hémoglobines ni de vices pour le coup, qu’il est agréable d’aborder un peu comme un puzzle dont il faut assembler, longuement et minutieusement, les multiples pièces entre elles. Même quand celles-ci proviennent de différents jeux… ce qui complique encore d’un cran la lecture.
Mais si l’on s’en tient à la méthode de Wisting, autrement dit étudier une chronologie établie, noter des dates, des mots clefs et quelques pistes pour plus tard, on arrive à raccrocher les indices entre eux et à prendre du plaisir à être quelque part un membre exclusif de l’enquête.
En revanche, là où j’ai eu le plus de mal, c’est avec l’aspect « force tranquille » de Wisting qui a de moins en moins de scrupules à se servir de sa fille Line, journaliste free-lance, quitte à la placer, au-delà même du dilemme éthique, en difficulté. Voire même carrément à la mettre en danger, avec sa petite-fille, lors de stratégies et de plans d’action visant à compromettre d’éventuels suspects.
Un manque d’empathie inconvenant qui n’enlève cependant rien au réalisme de cette affaire dont les ramifications complexes révèlent un arrière-goût de corruption et d’abus de pouvoir.