Les Chroniques de l'Imaginaire

Gold rush - Cornell, Sam

Qui est cet éclaireur de l'armée fédérale ramassé par l'équipe du shérif de Deadwood ? Qui est ce métis peau-rouge / blanc sous un uniforme bleu, seul survivant de son régiment ? Qu'y a-t-il de vrai dans l'histoire démentielle qu'il maintient malgré les coups depuis sa cellule avec vue ? Ce foutu sang-mêlé ne serait-il pas le traître qui a mené le cinquième de cavalerie US à sa perte face aux Lakotas ?

A l’horizon, on installe la potence.

Le western fantastique est un style de récit assez pointu pour les bibliothèques francophones. Si vous appréciez l'un ou l'autre, Sam Cornell a écrit avec brio une longue nouvelle qui vous plonge dans l'histoire sale et poisseuse de la conquête de l'Ouest, juste après les derniers coups de feu de la guerre de sécession où les nouveaux Américains, poussés par leur destinée manifeste, mettent la main sur les derniers territoires indiens.

De cette époque et ces événements, pas forcément les plus connus de ce côté de l'Atlantique, Cornell fait une présentation claire et factuelle sans tomber dans le piège du mélodrame ou des sanglots de l'homme blanc chers à Bruckner, ce qui laisse le lecteur à ses opinions personnelles. Cornell établit son univers et son cadre temporel avec doigté puis nous balance au cœur de l'action.

L'histoire de ce scout survivant est captivante du début à la fin et terriblement passionnée. C'est sans effort que l'on se sent chevaucher à ses côtés... ou ramper dans les ténèbres.

Gold rush se lit vite - ce qui est un peu son unique défaut - et bien. Au bout d'une septantaine de page, on n'a pas forcément envie de se séparer (déjà) de ce texte vivant et de cet éclaireur, qui ne le sera peut-être plus très longtemps !