Agatha "Aggie" Morton et son ami Hector Perot sont toujours ravis d'enquêter sur des morts suspectes. C'est donc avec grand intérêt qu'ils apprennent le trépas survenu trois jours avant leur arrivée au Grand Hôtel de Harrogate, où ils viennent séjourner quelques temps avec la mère et la grand-mère d'Aggie pour profiter des eaux thermales. Bientôt, un deuxième décès survient, qui semble à priori sans rapport avec la première. Drôle de coïncidence, quand même, qui intrigue beaucoup les deux enquêteurs en herbe...
Bercée par les écrits d'Agatha Christie, l'autrice Marthe Jocelyn nous livre ici une histoire dans un décor très british qui n'est pas sans rappeler ses sources d'inspiration, à ceci près que ses enquêteurs ne sont pas des adultes mais des enfants turbulents d'une douzaine d'années. Enquêter de leur côté leur semble bien plus amusant que de livrer leurs indices à la police, ou même à leur grand-mère qui n'est pas dupe mais ferme gentiment les yeux. Voilà qui peut provoquer quelques situations pour le moins gênantes, voire dangereuses, mais il en faut plus pour arrêter les deux enfants qui n'ont pas froid aux yeux. Ils vont donc inspecter les scènes de crime, lister et confronter les suspects, bref fourrer leur nez partout pour trouver le ou les coupables de ce qu'ils s'imaginent dès le début comme des meurtres, le tout en veillant bien à rester discret vis à vis des adultes. Hormis peut-être par rapport à leur vieille connaissance le journaliste d'investigation Augustus Fibbley, qui flaire un bon papier !
L'énigme est suffisamment complexe pour ne pas être résolue trop vite. Les héros comme les lecteurs vont donc devoir suivre toutes les pistes pour finalement démêler l'intrigue. Une grande galerie de personnages fournit une belle brochette de suspects, avec ou sans motivation apparente. Bref, Aggie la reine du mystère marche sans souci sur les traces de la reine du crime dont elle a le prénom, avec un petit coup de jeune ! Le récit est fait à la première personne par Aggie, ce qui explique que le titre la mette en avant alors que son ami Hector participe tout autant, mais permettra surtout aux jeunes lecteurs de bien s'immerger dans le livre. C'est fluide et se lit très bien.
Signalons enfin les illustrations réussies d'Isabelle Follath. Outre la couverture et de petits décors en tête de chapitres, on trouve deux doubles pages de portraits des personnages principaux pour bien les visualiser. J'ai trouvé amusant qu'aucun de ces personnages dessinés ne regarde droit devant lui, chacun préférant regarder son voisin en coin d'un air soupçonneux !