Cela va bientôt faire un an que le Grimmark a ployé devant l'invasion-surprise des Poissons-Crânes. Les réactions au nouveau régime sont variées. Certains s'en accommodent fort bien, au premier rang desquels Nym, qui a tout fait pour en faciliter l'avènement et qui occupe le rang numéro 2 dans la hiérarchie des humains collaborateurs. Si la majeure partie de la population semble résignée à son sort, ce n'est pas le cas d'une minorité de résistants qui refusent obstinément de se soumettre au joug des Abysses. La plupart se sont réfugiés dans le petit port assiégé de Skemma, dernier bastion humain du Grimmark, tandis que d'autres forment de petites cellules effectuant des opérations de sabotage dans les villes occupées.
Dans le Nord, la situation est tendue entre les Poissons-Crânes et les Orcs. On dirait que le Grimmark ne va pas suffire à assouvir les ambitions abysséennes, à moins que leur désir d'expansion ne cache des projets plus sombres encore ? Pour Sof et son frère Solal, qui a miraculeusement recouvré la raison, les pérégrinations sont loin d'être finies.
C'est un plaisir de se plonger à nouveau dans l'univers de Vaisseau d'Arcane après les événements dantesques de la conclusion des Hurleuses (judicieusement reflétés dans la carte en début de livre, une attention simple mais bienvenue). La lecture en est tout aussi plaisante grâce au style énergique et efficace d'Adrien Tomas, quand bien même les choses prennent un tour plus sombre, avec des morts à la pelle dans l'entourage des héros. Les chapitres s'enchaînent à une vitesse folle, avec des rebondissements à la pelle, des révélations qui apportent d'autres questions, et c'est le genre de bouquin qu'on se retrouve à lire d'une traite sans s'en rendre compte.
Alors que le tome 1 se concentrait sur les aventures de Sof, Nym et Gabba Do, on suit davantage de personnages cette fois-ci. Cette multiplication des points de vue permet de couvrir davantage de choses, des villes occupées du Grimmark aux plaines glacées du Nord, mais elle a aussi dilué un peu l'intérêt du récit à mon sens. On dirait un peu que l'auteur ne savait plus quoi faire de ses anciens protagonistes, notamment Sof qui n'a plus grand-chose de l'infirmière attachante qu'elle était quand elle voulait sauver son frère.
Dans l'ensemble, si j'ai trouvé L'empire des abysses inférieur à son prédécesseur, je ne pense pas qu'il vous décevra si vous avez aimé le premier. Ils forment ensemble un sympathique diptyque de fantasy mâtinée de steampunk qui se lit avec plaisir.
