La vie n'est pas toujours facile au Daesan, province la plus orientale du grand empire vastanyan. Prenez Ivan, par exemple : cet orphelin de dix-sept ans, né d'un père vastanyan et d'une mère daesane, n'a qu'un rêve, entrer dans la magistrature pour rendre les lois de son pays plus justes et sa société plus équitable. Entre deux séances de révisions pour le concours public, il trime dans les champs pour subvenir à ses besoins. Son seul rayon de soleil, c'est sa meilleure amie Saejin. Un jour, il l'épousera, c'est sûr.
Les beaux projets d'Ivan volent en éclats lorsqu'il est victime d'un enlèvement aussi brutal qu'incompréhensible. Pourquoi diable les mercenaires de la terrifiante Horde Blanche en ont-ils après lui ? Aurait-il un rôle à jouer dans les plans de leur redoutée maîtresse Yekatelina, celle que tout le monde surnomme (dans son dos) la Putain Blanche ? Ivan va devoir apprendre à se défendre et à survivre, et vite. Parviendra-t-il à échapper à la Horde ? Le voudra-t-il seulement ?
Quand vient la Horde raconte une histoire pleine de bruit et de fureur. Les actes de violence y sont nombreux et décrits sans complaisance, mais avec suffisamment de détails pour pouvoir troubler les plus sensibles. Prudence, donc, si vous souhaitez vous plonger dedans. Si cela ne vous décourage pas, vous découvrirez un roman de fantasy plein de qualités. L'idéalisme naïf d'Ivan au début du récit en fait un protagoniste attachant et son évolution psychologique au contact des soudards sans foi ni loi de la Horde est crédible. La relation qu'il tisse progressivement avec Yekatelina, de la défiance totale à la fidélité absolue, est elle aussi dépeinte avec finesse. Autour d'eux, les mercenaires sont croqués à plus gros traits, mais certains font montre d'une richesse intérieure insoupçonnée.
L'univers est bâti sur des sources d'inspiration originales, entre Corée féodale et Russie médiévale. Ces influences se reflètent principalement dans l'onomastique et le physique des personnages. Le contraste entre les Vastanyans pâles aux yeux clairs et les natifs du Daesan au teint plus sombre et aux yeux en amande est évidemment l'occasion d'aborder des thèmes comme le racisme et le colonialisme, Ivan le sang-mêlé étant aux premières loges pour en voir toute la violence et l'absurdité. Dans l'ensemble, ce cadre sonne vrai, mais il reste somme toute peu fouillé. Il offre avant tout une toile de fond à des scènes de bagarre aussi nombreuses que détaillées, de l'entraînement entre deux mercenaires à l'assaut d'une armée sur une forteresse.
Si vous êtes féru·e de dark fantasy avec des personnages tout en nuances de gris et de la baston à gogo, Quand vient la Horde fera sûrement votre bonheur, du moment que vous avez le cœur solidement accroché.