Les Chroniques de l'Imaginaire

Bivouac - Filteau-Chiba, Gabrielle

L’histoire s’ouvre sur Riopelle, le criminel activiste rencontré dans le premier volet Encabanée, toujours en fuite à travers les forêts enneigées. Il trouve finalement refuge auprès d’un groupe clandestin de militants écologistes. 

Ensemble, ils s’apprêtent à lancer l’opération Bivouac destinée à empêcher la destruction de forêts ancestrales du Québec menacées par la construction d’un oléoduc dans les terres du Bas-Saint-Laurent. 

Comme tout ne se passe pas toujours aussi bien qu’escompté, Riopelle sait qu’il doit rester vigilant. Il étudie et mémorise ainsi tous les codes nécessaires, à travers « l’art de l’instrumentalisation », à la fois pour combattre la société industrielle actuelle, son fonctionnement, ses moyens et ses failles, mais aussi afin d’éviter de réitérer l’issue dramatique de sa dernière mission.

Quinze mois plus tard, on retrouve Raphaëlle et Anouk dans une ferme communautaire où elles se sont installées, à l'écart du reste du monde, dans une yourte avec leur chienne, Coyotte. On comprend qu’elles peinent à trouver leurs marques dans cette nouvelle vie faisant suite à Sauvagines

Alors que surviennent leurs premiers réels désaccords, Riopelle les enjoint à rallier sa cause pour sauvegarder le territoire, et sa biodiversité, qu’ils ont toujours connu et respecté. Entre nécessité de l’engagement et compromis pacifiste, ils devront ainsi faire des choix et composer avec des peurs inavouées et des désirs inassouvis.

J’attendais beaucoup de ce troisième et dernier volet du tryptique écoféministe proposé par Gabrielle Filteau-Chiba et, si j’ai d’abord été ravie de retrouver ses esquisses, sa poésie, ses expressions imagées et ses personnages phares, j’ai été après coup un peu noyée dans la multitude des combats menés sur tous les fronts.

Militantisme politique écologiste, engagement solidaire pacifiste, relations polyamoureuses, lutte activiste plus qu’acharnée pour la préservation des derniers territoires sauvages et de la Nature dans son ensemble… 

On ne sait plus trop où donner de la tête même si tout reste parfaitement amené et lié dans le récit, avec malheureusement, sans pour autant tendre à dénigrer cette réalité, toujours une trop forte propension aux romances introspectives dramatiques, pas vraiment à mon goût. 

Au-delà de cette petite déception, il n’en demeure pas moins que c’est un magnifique roman choral qui a su témoigner tout du long de ces trois volumes de problématiques actuelles avérées où il est important de garder, et d’oser affirmer, le courage de ses convictions dans un monde qui tend sans cesse à les malmener.