Au moment où la comète de Halley va toucher la Terre et la faire exploser, plusieurs vaisseaux quittent en urgence la planète pour entamer un voyage vers l’inconnu. Voyage qui va durer plusieurs centaines d’années.
Petra et sa famille font partie du voyage. Allongés dans un caisson de survie, ils seront plongés dans le sommeil et ne seront réveillés qu’au moment d’aborder Sagan, la planète sélectionnée pour accueillir les colons terriens.
Mais, des années plus tard, quand Petra est tirée de son sommeil artificiel, elle comprend que l’équipage chargé de veiller sur leur bien-être en a profité pour effacer les mémoires de ses compagnons de voyage et les a programmés pour servir le Collectif, l’organisation qui a été mise en place durant les centaines d’années qui se sont écoulées. Mais Petra, elle, a gardé tous ses souvenirs et en particulier les contes que Lita, sa grand-mère, lui racontait.
Petra va-t-elle réussir à raviver la mémoire de ses compagnons et s’opposer au Collectif ?
La science-fiction n’est pas un genre que j’affectionne particulièrement, mais j’avoue que je me suis laissée happer par l’histoire de Petra et de son voyage interstellaire.
D’ailleurs, ce voyage n’est qu’un prétexte pour souligner le totalitarisme exacerbé mis en place par le Collectif sous prétexte d’apporter uniquement bien-être et bonheur à ses troupes. On a donc d’un côté Petra qui garde des souvenirs attendris de la Terre et de sa famille, et de l’autre des êtres modifiés pour supporter les longs voyages dans l’espace, mais assujettis à une autorité qui contrôle chaque instant de leur existence. Une existence monotone et routinière et qui, évidemment, est sous l’œil inquisiteur de la Chancelière, toujours prête à utiliser les moyens les plus extrêmes pour garder la mainmise sur le Collectif.
Le Collectif se sert de Petra et de ses compagnons comme de la chair à canon, chargée de découvrir Sagan et de l’explorer sans que le Collectif ne soit mis directement en danger. Mais Petra refuse de se soumettre, et elle va tout faire pour empêcher le Collectif de lui voler sa mémoire.
Nous sommes donc en présence d’une héroïne insoumise, ce qui est un classique en littérature, et qui comprend très vite que les histoires et les contes ont un pouvoir sur les gens qui les écoutent. C’est très intéressant de constater que c’est via les contes qu’elle arrive à attirer l’attention de ses compagnons, et même à sortir du Collectif Voxy, l’un des rares enfants du vaisseau, en le charmant grâce à ses histoires.
Les histoires font partie de la mémoire et, par ce roman, l’autrice nous montre toute l’importance que peut avoir la mémoire collective qui, pendant très longtemps, a été transportée par les conteurs à travers le monde entier.
C’est un excellent roman que j’ai pris plaisir à lire. Ce roman nous montre que la littérature et les histoires sont essentielles, à la fois pour préserver la mémoire, mais aussi pour montrer d’autres voies aux systèmes autoritaires qui peuvent être mis en place. Les interrogations sur l’identité et l’individualité sont très actuelles, ainsi que celles sur la place dans la société, qu’elle soit ultra-normalisée ou non.