10 mai 1967. Le corps atrocement mutilé d’une jeune femme est retrouvé à deux pas du Golden Gate. Sur son corps dénudé, un sigle satanique est gravé au couteau sur le ventre. Kim Tyler, fraîche émoulue de l’académie de police, est chargée de l’affaire, en compagnie du lieutenant Ulysse Ford, un vieux de la vieille.
La marque satanique les intrigue, et ils décident de mener les pas de leur enquête vers l’Eglise de Satan dont Yeval est le grand gourou. A leur première visite, Yeval est absent, mais Kim entreprend d’effectuer des recherches plus poussées tandis que son coéquipier se remet d’un infarctus à l’hôpital.
À la suite d’un échange qu’elle a lors d’un interrogatoire avec Yeval, celui-ci l’invite à participer à la prochaine messe qui aura lieu le soir même. La jeune femme accepte, sans savoir dans quoi elle s’engage exactement.
Fan de « true crime », je ne pouvais pas passer à côté de cette BD qui nous emporte dans un polar qui se situe à la fin des années 60, à San Francisco. Même si l’histoire racontée n’est pas vraiment dans la veine du true crime (les meurtres rapportés, même s’ils peuvent s’inspirer de faits réels, ne sont qu’imaginaires), elle s’en approche beaucoup, car l’auteur s’est inspiré de Anton Lavey pour créer le personnage sulfureux de Yeval. Il a même repris beaucoup d’éléments de sa biographie, donnant une grande profondeur au personnage avec, par exemple, la présence d’un lion dans l’église, ou encore son passé dans un cirque, et même au niveau graphique c’est sa copie conforme. Et certains des crimes commis ressemblent à des crimes de serial killer américains.
Le personnage de Kim Tyler est lui aussi intéressant car c’est une femme dans un monde d’homme. Hervé Bourhis dit d’ailleurs qu’une femme officier de police ne devait pas exister en 1967, ce qui rend le personnage unique, mais elle est toutefois crédible dans ses réactions et sa façon de penser.
L’enquête est bien menée, même si on reste sur notre faim à la fin de ce tome qui est le premier d’une duologie.
Quant au dessin et aux illustrations, j’avoue que j’ai aussi beaucoup aimé. La première planche est une vue iconique du Golden Gate, et le style utilisé rappelle beaucoup ces illustrations des années 60, qui reviennent régulièrement à la mode. Le personnage de Yeval est inquiétant à souhait, avec ses yeux jaunes, son crâne rasé et son bouc noir. La scène où il joue de l’orgue m’a très fortement rappelé le passage où le fantôme joue de la musique dans Le fantôme de l’opéra, avec une grande cape et des effets visuels et sonores.
A noter qu’un QR Code sur la page d’avant-garde nous permet de lancer une playlist sur Spotify (ou juste de la découvrir sur le site de Spotify), afin de nous plonger dans l’ambiance des sixties, avec, entre autres, Janis Joplin, The Mamma’s and The Pappa’s, Jefferson Aiplane, Les Beach Boys et même le prologue de la bible satanique d’Anton Lavey. J’aime beaucoup la musique de cette époque et la sélection est à écouter en lisant la BD pour une immersion plus intense dans l’histoire ! Une très bonne idée, j’ai trouvé !
Bref, vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé et j’espère pouvoir lire la suite car le suspense est insoutenable.