Au départ, ça semble plutôt simple. Nathan, pigiste payé une misère pour L’éveil, un canard local, traverse quelques difficultés professionnelles. Par chance, ou pas (sinon il n’y aurait pas eu d’histoire), la principale actionnaire du journal n’est autre que Gaby, sa belle-mère. Une de ces femmes magnétiques à qui il voue une véritable admiration.
Ce qui n’est pas le cas de son épouse Sylvia qui a énormément de difficultés à communiquer avec sa mère. Nathan se retrouve à contre-cœur très souvent pris à partie entre les deux femmes. Ce qui arrive d’autant plus facilement que Gaby vit en face de chez eux, dans un cabanon au fond de leur jardin.
Un terrain qui lui appartient, en plus d’un autre convoité par de puissants investisseurs qui voient l’endroit idéal pour y construire un parc d’attractions. Mais Gaby refuse obstinément de leur vendre. Ce qui agace très fortement le sénateur du coin qui va mettre la pression sur Nathan pour que Gaby cède.
Dans un même temps, Nathan pense avoir trouvé le sujet du siècle pour son prochain article lors de sa rencontre inopinée avec Nicole, la randonneuse perdue depuis des semaines dans les bois à moitié morte de faim et de froid.
C’est alors que tous ces différents éléments vont se lier pour fomenter une sorte d’intrigue : les pressions médiatiques, les intimidations politiques, le sort de la randonneuse, le terrain de Gaby… En tout cas, c’est ce que l’on comprend à travers les yeux de Nathan qui nous raconte cette histoire où des morts plus ou moins suspectes vont étrangement s’enchaîner (en peu de temps et de pages).
Je suis complètement passée à côté de cette lecture, très complexe, que j’ai trouvé farfelue et difficile à suivre tant l’auteur part dans toutes les directions. Des directions dont lui seul semble d’ailleurs connaître implicitement le sens de la marche à adopter.
Apparemment, c’est une spécificité propre à Philippe Djian, que j’avais pourtant de mémoire réussi à apprivoiser dans Incidences, sans trop me perdre, voire même en y prenant du plaisir ! Du moins j’en garde ce souvenir.
Ici c’est différent. Ce n’est pas tant que je n’ai pas retrouvé ce que je cherchais mais plutôt que j’ai eu l’impression d’être baladée, dans un univers parallèle, sans règle, sans dictionnaire, sans traducteur et sans passeport, par l’auteur qui invente l’histoire en même temps qu’il l’écrit.
Sans compter (je me permets le jeu de mot aussi facile soit-il) qu’il n’y a pas de chapitre, très peu de ponctuation et absolument pas d’aération comme si la lecture devait se faire d’une traite, en apnée. Drôle d’expérience.
Enfin drôle, non. Plutôt malaisée et malaisante. Je reconnais sans mal que Philippe Djian a un style inimitable, à la fois tendre et acerbe, mais pour ma part le burlesque décousu, sans fioriture, n’aura cette fois pas suffi.