Alors qu'il se trouvait sur les bords de Seine, Philibert Humm s'est fait la réflexion tout aussi juste qu'anodine : que d'eau. De là, lui a pris l'idée de descendre le fleuve jusqu'à son embouchure sur une embarcation encore indéfinie. Après discussion avec son ami Adrian, plutôt partant, puis avec son autre ami Waquet, partant après quatre bières alors qu'on ne lui avait rien demandé, voilà les trois jeunes lancés dans la recherche du bateau idéal et pas cher pour vivre leur épopée. Une aventure que Philibert Humm nous raconte dans Roman fleuve.
Loin du récit d'aventures habituel, qui détaille les préparatifs consciencieux, les paysages traversés, les difficultés imprévues, le récit de Philibert Humm témoigne d'une entreprise hasardeuse, avec un bateau peu fiable qu'il baptise sobrement bateau. Ils n'ont pas les bons habits, pas les provisions suffisantes, pas le bon matériel, mais cela n'a aucune importance, on est dans l'aventure de jeunesse insouciante.
Cependant, le sujet du roman perd de son attrait devant les nombreuses digressions et le ton en permanence décalé de l'auteur. Un récit d'aventures avec une patine d'humour est toujours appréciable. Ça l'est moins quand l'humour s'étale à gros coups de pinceaux sur tout le texte. L'auteur a de l'esprit et il est vrai qu'on se surprend à éclater de rire. Mais quand on se lance dans un récit de voyage, c'est pour voyager, et non pour goûter aux anecdotes diverses et variées qui n'ont rien à voir avec l'expédition fluviale.
La gouaille érudite de Philibert Humm est séduisante, son sens de la répartie admirable, malheureusement on ne retient presque que ça et pas grand chose de l'aventure du trio sur la Seine. Dommage car avec un humour mieux dosé et un peu plus de focus sur le voyage, cela aurait pu être une aventure rocambolesque aussi divertissante qu'instructive et dépaysante.