En cette année 1194, le jeune chevalier Guilhem d'Ussel est engagé dans une compagnie de mercenaires mandatée par le roi de France pour aller aider le Comte de Toulouse. Cette compagnie d'une centaine d'hommes compte parmi elle de nombreux piétons, la plupart étant des pillards sans pitié surtout envers les manants incapables de se défendre. C'est avec une poignée de chevaliers et ces compagnies de sacs et de cordes que Guilhem va traverser la France pour le Toulousain.
Mais très vite, les premières tensions se font jour, opposant Guilhem à Boutedieu, chef d'une bande de marauds. En Touraine, lors d'une rébellion, Guilhem et ses hommes sont désarmés par surprise et abandonnés par le reste de la troupe qui s'en va piller un manoir. Décidé à récupérer ses armes et chevaux, notre chevalier troubadour et ses hommes vont croiser la route d'une jouvencelle attaquée par des maraudeurs. Plus tard, il croise de nouveau son chemin mais celle-ci affirme ne pas le connaître. Guilhem, poussé par son instinct, décide alors de l'escorter jusque chez son parrain. C'est le début de nouvelles aventures, de mystères et d'ennuis pour Guilhem d'Ussel.
Jean d'Aillon, une nouvelle fois, arrive à m'embarquer dans les "malaventures" de son héros, remplies de chausse-trappes, d'intrigues qui se croisent, de félonies, de combats sanglants. Il ne lui laisse jamais de répit, à chaque fois il doit affronter des ennemis sans pitié, doit lutter pour sa survie et celle de ses hommes dans cette France peu sûre, jalonnée de troupes de pillards sans merci. L'histoire est tortueuse à souhait, les méchants très mauvais, les rebondissements nombreux sans temps mort.
L'auteur est toujours très précis dans ses descriptions des usages de l'époque, des paysages, des conditions de vie. Le contexte historique de l'intrigue basé sur des faits avérés éveille notre intérêt, d'autant plus pour moi que celle-ci se passe dans ma région d'adoption. Tout cela permet de s'immerger facilement dans l'histoire sans se perdre et de nous rendre bien réelles les aventures de ce preux chevalier troubadour. Certes, notre héros est toujours invincible au combat et sa perspicacité encore sans défaut, mais il prend des coups et subit quelques déconvenues. J'apprécie dans ce personnage son côté chevaleresque mais aussi celui obscur d'un homme capable de violences terribles à l'encontre de ceux qui l'ont trahi. Il est bien plus complexe qu'il n'y paraît et c'est ce qui le rend attachant.
À noter que, de nouveau, Jean d'Aillon donne une place importante dans ce roman à des femmes, des femmes qui ne se laissent pas faire et font montre d'indépendance dans une époque troublée où la vie de celles-ci ne valait pas grand chose. L'intrigue est prenante et l'on se presse de tourner les pages pour arriver à démêler les fils de l'intrigue qu'a tissés avec malice l'auteur. Un bon moment de lecture dans une période tumultueuse de l'histoire de France un peu oubliée.