Les Chroniques de l'Imaginaire

Une nuit infinie - Schrefer, Eliot

En 2470, l'astronaute Minerva Cusk pose le pied sur Titan, le satellite de Saturne, qui est le plus proche corps céleste susceptible d'accuillir une vie humaine. Hélas, la liaison est interrompue peu après, laissant la Terre sans nouvelle. Une expédition de sauvetage est lancée et confiée au jeune Ambrose Cusk, déterminé à faire tout son possible pour retrouver sa soeur bien-aimée.

Le lancement du Coordinated Endeavor se passe mal et Ambrose perd connaissance. A son réveil deux semaines plus tard, il a oublié tout l'épisode du décollage. Il découvre également qu'il n'est pas seul à bord : la Fédération et Dimokratía, les deux grandes puissances ennemies, ont mandaté chacune un astronaute. Les premiers contacts avec Kodiak Célius sont difficiles : le soldat dimokratien est endoctriné pour se méfier du gosse de riches de la Fédération, et préfère que chacun reste dans sa moitié de vaisseau à s'occuper des tâches d'entretien indiquées par OS, le système d'exploitation qui gère le voyage.

Mais peut-on garder ses distance quand on est les deux seuls occupants d'un engin qui fonce dans l'espace pour un voyage de plusieurs mois ? Au fil des jours, les deux adolescents apprennent à se connaître, se rapprochant d'autant plus à mesure qu'ils remarquent diverses anomalies. OS semble leur cacher des informations, voire leur mentir. Qu'est-ce qu'ils ignorent ?

Une nuit infinie nous entraîne dans un huis-clos spatial alléchant. Ambrose, le narrateur issu de la plus puissante famille de la Fédération, et Kodiak, son homologue dimokratien, sont embarqués dans un voyage où ils sont bien forcés de collaborer au minimum malgré la guerre froide entre leurs pays. Dans l'espace, la moindre erreur peut être fatale, surtout que leur vaisseau est détérioré plus que cela ne semblerait possible si peu de temps après leur départ. Les bizarreries s'accumulent. Les deux astronautres n'arrivent pas à obtenir de vraies explications d'OS, qui affirme que tout va pour le mieux et leur met des bâtons dans les roues dans leur quête de vérité. Or OS a des yeux et des oreilles partout dans le vaisseau et peut utiliser son robot Rover pour agir physiquement quand il estime que les jeunes gens ne restent pas dans le droit chemin.

Toute la première moitié du roman nous montre comment la vie d'Ambrose s'organise peu à peu dans le Coordinated Endeavor aux côtés de Kodiak. Qui est beau, musclé et ne le laisse pas indifférent, d'autant qu'il n'y a pas d'autre humain disponible à des millions de kilomètres à la ronde. Cette partie permet de bien poser les bases et de faire monter la tension graduellement.
Le rythme s'accèlère ensuite, une fois le secret découvert. Les astronautes luttent pour leur survie. Et j'avoue que c'est là que j'ai commencé à trouver ça vraiment prenant et intéressant, inquiète de savoir comment tout cela allait tourner. Certains détails de l'intrigue semblent capillotractés, mais l'ensemble reste bien pensé et attrayant, avec une portée plus importante que ce qu'il semblait de prime abord.

La romance se développe tout doucement. Les relations froides du départ se transforment en intérêt, en amitié avant d'évoluer lentement de manière plus intime. Tout est suggéré plutôt que montré, sans sexe à tout va, ce que personnellement j'apprécie.

Malgré un départ un peu mou, ce roman se révèle une lecture young adult sympa et distrayante, qui fait passer un bon moment.