Catastrophes naturelles, épidémies, guerres ont fini par causer l'Effondrement. Ce que la Terre a subi dans les siècles qui ont suivi reste méconnu. Une seule chose est sûre : l'humanité a disparu en dehors de la poignée de personnes sauvées par les DIX. Les rescapés vivent en autarcie dans une enclave dont les murs de béton de cinq cent mètres de haut les protègent des inondations et des bêtes sauvages qui hurlent à l'extérieur. Ils y sont en sécurité.
Dans l'enclave, la vie est plus grise que rose. Des murs gris, des équipements vieillissants, des panneaux solaires ne fournissant pas tout à fait assez d'énergie pour les besoins courants... Les gens s'éreintent à longueur de journée à accomplir le travail que les DIX (les descendants des DIX originaux, évidemment) ont choisi pour eux, avant de se dépêcher de rentrer chez eux avant le couvre-feu. Une existence morne, insipide. Mais la seule existence possible, vu que l'enceinte qui les protège n'est pas munie de porte.
L'enceinte n'est pas extensible, les ressources ne sont pas infinies. Quand la population augmente au-delà de ce que la cité peut assumer, les DIX mettent en œuvre la Régulation. Une poignée de Régulateurs tenus secrets reçoivent une liste de quatre cibles qu'ils doivent éliminer. Chaque Régulateur est sur la liste de l'un des autres Régulateurs, à la fois chasseur et proie. Seul le dernier Régulateur survivant est autorisé à vivre.
La Régulation est là et les Régulateurs désignés ont été informés : Damian, jeune bibliothécaire paraplégique ; Abigail, agente de sécurité chargée de surveiller les caméras extérieures (autant dire qu'il n'y a jamais grand chose à y voir) ; Lauren, qui passe tout son temps libre à s'occuper de sa mère malade ; Bettany, jeune tatoueuse excentrique ; Jack, enseignant découragé ; Christopher, réparateur de drones amoureux de l'image de la porte-parole des DIX ; etc.
La Régulation est une dystopie post-apocalyptique. La fin du monde est arrivée, seule une enclave de vie subsiste et les règles y sont impitoyables. Le quotidien des survivants se répète inlassablement : travailler, manger, dormir, obéir aux DIX, sous le regard perpétuel des drones de surveillance. Au point qu'on peut légitimement se demander comment certains arrivent à trouver le temps de faire des rencontres, tomber amoureux, se marier et faire des enfants ! Là-dessus, on ajoute un jeu de survie sadique imposé par la force, qui sert principalement à renforcer l'emprise des DIX sur la population. Les règles en sont inhumaines, le choix des Régulateurs et Régulés inutilement cruel. Tout ça a comme un air de déjà vu, et les révélations qui attendent le lecteur à la fin ne sont au final pas vraiment des surprises.
La chronologie est bien maîtrisée. En quelques pages constituées de brèves annonces radio, le premier chapitre brosse à gros traits les étapes de l'Effondrement, dans un futur proche du nôtre. Les chapitres suivants nous permettent de faire la connaissance des personnages principaux et de voir leur réaction à l'annonce de la Régulation. Puis vient le corps du roman, avec son lot de péripéties et d'action violente. En épilogue, les carnets secrets des rebelles au fil des époques permettent de compléter les trous dans l'histoire que l'on a découverte.
Le style est agréable, le format assez court pour que l'on n'aie pas le temps de s'ennuyer. Pourtant, je n'ai pas trop réussi à accrocher au récit. Peut-être parce qu'il y a un peu trop de personnages, ce qui fait que j'avais du mal à me souvenir des caractéristiques de chacun. Ou parce que je trouve que tout est finalement un peu trop facile pour nos héros, qui se laissent souvent porter par les événements et ont beaucoup de chance, sans parler de réactions souvent pas très crédibles. Ou simplement parce que le récit manque de profondeur.
Ce n'est pas du tout mon genre d'ouvrage, mais je pense cependant que ce roman peut plaire aux amateurs de récit s'apparentant à Hunger Games ou Labyrinthe.