Diana a quarante ans et une vie rangée. Épouse éprise d'un professeur de philosophie, mère d'une petite fille de huit ans, artiste qui donne des cours quand elle prend le temps, elle passe le plus clair de ses journées à s'occuper de la maison, à cuisiner et à faire attention à rester belle. La vie tranquille de la parfaite housewife américaine.
Mais ces derniers temps, il lui semble que des choses changent, sans qu'elle n'arrive à identifier comment cela a commencé. Sa fille lui tourne le dos, son mari lui jette parfois des regards inquiets. Elle se surprend à avoir des envies nouvelles et étranges, à remarquer que son voisinage n'est plus le même... Diana ne cesse de parler de son âge, un bel âge que celui de la quarantaine, quand elle peut regarder derrière elle le chemin parcouru en se disant qu'elle est arrivée exactement là où elle voulait. Dans le même temps pourtant, elle semble s'auto-persuader, comme si quelque part elle regrettait l'insouciance et la légèreté de sa jeunesse.
Une jeunesse qui nous est racontée en même temps, chaque chapitre alternant tour à tour le récit de ses dix-sept ans et celui de ses quarante ans. Une jeunesse qui a été marquée par ce que nous révèlent les toutes premières pages du roman. Diana et sa meilleure amie Maureen se trouvaient dans les toilettes du lycée quand une fusillade s'est fait entendre. Le tueur les a trouvées et l'une des deux filles a demandé au tueur de l'épargner et du tuer l'autre...
Diana repense à son amie Maureen, avec qui elle est devenue inséparable. Des belles filles aux jambes longues sous leur mini short en jean, conscientes d'attirer les regards et en riant à gorge déployée. L'illustration parfaite de la célèbre phrase de Rimbaud, on n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans.
A mesure que le passé resurgit, le vernis se craquelle et son sourire se fige.
Si le récit dévoile à un moment l'ambition romanesque de Laura Kasischke, le chemin est long et fastidieux avant d'y arriver. La vie de Diana n'est pas intéressante, ses interrogations semblent ne venir de nulle part, comme si elle sombrait dans une folie que rien ne présageait. Il y a de nombreuses longueurs dans sa vie à quarante ans, et autant de répétitions dans ses souvenirs de jeunesse, qui ne font que ressasser comme Diana et Maureen sont copines, comme elles sont belles, comme elles sont jeunes. Une fois qu'on a compris où l'autrice voulait en venir, on regarde d'un autre œil le récit. Mais le mal est fait, l'ennui s'est trop installé pour qu'on puisse en ressortir avec un sentiment de satisfaction.