Deux jeunes femmes, amies depuis l’enfance, se retrouvent après s’être perdues de vue depuis plus de dix ans. Ces retrouvailles, créées à la suite d’un rêve de l’une d’entre elle, sont l’occasion propice pour partager leurs souvenirs et plonger dans les méandres de leurs premiers émois adolescents.
On déambule ainsi au fil des pages parmi une succession de jeux érotiques, nourris depuis leur enfance à travers leurs éveils sexuels mêlant rapports de soumission et de domination qui semblent, en grandissant, dépasser le simple cadre du fantasme pour définir totalement leur relation.
Pas de non-dits ici, tout est explicitement dévoilé et exploré, du contexte de chacune de leurs rencontres jusqu’aux moindres détails fournis de leurs multiples expériences. Qu’il s’agisse des sensations recherchées, des émotions arrachées ou de l’analyse du plaisir qu’elles y ont trouvé.
Chacune de leurs expériences dévoilées a conduit à construire, toujours sous le prisme de leur étroite et étrange relation particulière, leurs fantasmes et leurs préférences sexuels. Toutes les possibilités, toutes les envies, tous les scénarios sont envisagés tant qu’ils leur permettent de se découvrir et finalement de mieux se retrouver.
Certains passages sont davantage prenants que d’autres. Ce court roman, paru chez Julliard dans la collection « Fauteuse de trouble », oscille beaucoup entre érotisme sensuel et pornographie cérébrale où les corps sont mis à disposition d’une quête de sensations, plus froides que réellement chaudes à mon sens. J’ai compris la quête inassouvie de plaisirs et de désirs mais j’ai surtout lu une forme de boulimie de la vie empreinte d’ascendance malsaine, de jalousie cruelle et finalement de désespoir.
La critique parle d’Emma Becker, autrice de La Maison où elle livre son expérience au sein d’une maison close berlinoise, comme d’une plume à l’érotisme féministe émancipé. Bon, je n’ai rien trouvé de très immoral ni tabou, surtout à l’ère d’aujourd’hui.
C’est toujours grisant de bousculer les codes du genre et de permettre aux femmes de mettre des mots sur leur intimité, ça ne plaira pas à tout le monde. Personnellement, je n’ai pas été électrisée et j’ai plusieurs fois frôlé l’abandon. Je m’en retourne goulument aux titres de Virginie Despentes, plus jouissifs et incisifs.