Les Chroniques de l'Imaginaire

Les poches pleines, les poches vides - Manson, François

Dans un futur proche où les inégalités sont plus criantes que jamais, Inès Gonzalez tâche de survivre comme elle peut dans les quartiers pauvres de Mexico. Entre Lucho, son parasite de mari, violent et alcoolique, et sa santé de plus en plus défaillante, ce n'est pas facile. Inès est une Poche, c’est-à-dire qu'elle sert de cobaye aux expériences pharmaceutiques du docteur Izamari. C'est un travail qui paye bien, mais son corps commence à s'user. Le chirurgien lui propose un ultime contrat, l'opportunité pour Inès d'amasser suffisamment d'argent pour changer de vie… mais rien ne va se passer comme prévu.

Avec un tel résumé, inutile de préciser que Les poches vides, les poches pleines n'est pas de ces livres qui vous collent la banane ! C'est une bonne chose que ce roman soit court, car la description des avanies que subit la pauvre Inès est aussi réaliste que glaçante. Malade, vieillie prématurément, sans famille ni ami, c'est une protagoniste particulièrement démunie qu'on se retrouve à suivre. Heureusement, elle dispose toujours d'une étincelle d'espoir, d'un brin d'astuce et de quelques coups de chance qui lui évitent d'être réduite au stade de poupée de chiffon ballotée par les événements, et qui évitent au récit de n'être qu'une litanie sans fin d'avanies toutes plus déprimantes les unes que les autres.

Rien d'original dans la thématique des riches qui exploitent les pauvres jusque dans leur chair, de nombreuses œuvres de SF y ont déjà eu recours, mais François Manson en propose un avatar percutant et efficace, avec une conclusion explosive. Sa plume est solide et sa maîtrise du rythme au-delà de tout reproche, ce qui n'a rien d'étonnant pour un auteur qui publie des nouvelles depuis plusieurs années. S'il est du calibre de cette sympathique dystopie, le gros roman sur lequel il travaille actuellement d'après sa biographie en quatrième de couverture vaudra assurément le détour.