Nymphea a dix-sept ans, est bourrée de complexes, envie un peu sa sœur d’être la plus jolie, et trouve que sa vie est insignifiante dans tous les sens du terme. Pour tenter de rompre la monotonie de son quotidien, elle se fait embaucher chez un glacier, mais rien de change. Jusqu’au jour où un chanteur populaire sur le retour, Avishaï Milner, qui a gagné un télécrochet quelques années auparavant sans réellement réussir à avoir une vraie carrière ensuite, pousse la porte de la boutique.
Comme il est dans un mauvais jour, il se montre trop pressé, méprisant et même insultant envers Nymphea, qui s’enfuit dans la cour de l’immeuble pour lui échapper. Mais l’homme la suit, et ce qui n’aurait pu être qu’un banal incident, se transforme en drame. Il est accusé de tentative de viol sur mineure, et Nymphea ne fait rien pour démentir l’accusation, même si elle se rend bien compte de ce qui s’est réellement passé. Mais c’est le regard des autres qui la pousse à se taire, et l’entraîne ensuite dans une spirale de mensonges, de quiproquos et de non-dits qu’elle a beaucoup de mal à gérer. D’autant plus que la scène a eu des témoins…
Pendant ce temps, dans une maison de retraite, Raymonde, une retraitée juive, prend littéralement l’identité de sa meilleure amie Rivka, rescapée des camps, et se fait passer pour une survivante de l’holocauste.
C’est un roman très intéressant sur la spirale du mensonge mais aussi sur les apparences et ce qu’on renvoie vers les autres. Nymphea se transforme au fil du livre, sortant de sa chrysalide parce qu’elle a menti et que les gens imaginent qu’elle souffert de son agression. Elle va jusqu’à être la porte-parole pour les violences faites aux femmes, en donnant des interviews et en étant érigée, presque malgré elle, en petite martyr. Et elle se refuse à retrouver sa vie insignifiante.
En face on a un chanteur qui, trop confiant se retrouve arrêté car il n’a pas nié et a même reconnu les faits, tellement il se croyait au-dessus de cela. Lui aussi va connaître une spirale infernale, mais à part de la haine pour Nymphéa et de la rancœur, il ne va pas en tirer grand-chose.
Quant à Raymonde c’est un peu par hasard qu’elle se retrouve dans la peau de son amie, et elle va tout faire pour être à la hauteur de la mémoire de celle-ci. Avec maladresse, mais sans aucune once de méchanceté.
Ces trois personnages sont donc tous confronté au mensonge et à ses conséquences, et la plume de l’autrice nous plonge dans les méandres de l’esprit humain, avec ses contradictions, ses maladresses mais aussi ses cachoteries et ses atermoiements. Tous craignent d’être découverts, mais continuent malgré tout, quitte à y laisser quelques plumes au passage.
Un très bon roman qui ne laisse jamais présager de sa fin. Une belle découverte donc, qui m’a donné envie de lire d’autres livres de l’autrice.