De la jalousie n’est pas un titre comme les autres parmi la liste de ceux écrits par Jo Nesbø. Si le suspense et les rebondissements permettent de classer ce livre dans la catégorie thriller, il s’agit toutefois d’une série de sept nouvelles relativement inégales entre elles. Surtout en termes de longueur et parfois même d’intérêt.
Toutes s’articulent néanmoins autour d’un thème universel : la jalousie. À la différence près qu’ici celle-ci se développe de façon particulièrement meurtrière tout au long des histoires. De simples soupçons en passant par la folie pure, les personnages ont en commun de se laisser prendre au piège dans une boucle infernale et destructrice qui va les conduire toujours plus loin dans leurs tourments jusqu’à commettre l’irréparable.
On navigue ainsi à travers plusieurs situations allant du raffinement de la bourgeoisie hitchcockienne (Londres) aux atermoiements d’un auteur à succès installé à l’étranger (Odd). On assiste, quelque peu impuissant, à différents troubles, de la pulsion primaire de l’éboueur bafoué (Déchet, clairement ma préférée où l'amnésie passagère permet d'amener à coups d'humour et de psychologie un retournement de situation cocasse et honteusement jubilatoire) à la résignation blessée d’une petite vendeuse issue de l’immigration (La file d’attente). En passant par la préméditation froide du photographe d’art raté (Les aveux) à la ruse ingénieuse d’un chauffeur de taxi humilié par sa femme (La boucle d’oreille, pas mal non plus).
Phtonos se positionne un peu à part car l’auteur lui accorde plus d’épaisseur, nous laissant ainsi davantage le temps de rentrer dans l’intimité des protagonistes, ici deux frères jumeaux convoitant la même jeune femme. Rivalités et jeux de dupes dangereux témoignent qu’il n’existe aucun remède à la jalousie sinon le temps ou la vengeance. Cette dernière étant bien souvent à double tranchant, qu’elle soit froidement mais minutieusement calculée ou impulsive, sous l’effet d’un terrible coup de chaud.
L’avantage de ce format est de pouvoir piocher au bon gré de ses envies (et humeurs) dans des histoires où l’auteur engage systématiquement sa plume, ses griffes et toutes ses dents pour se jouer de nous, nous prouvant ainsi qu’il n’a rien perdu de sa superbe ni de son mordant en changeant de gabarit.