Les Chroniques de l'Imaginaire

Gosse et son ami Taigne (Gosse et les berges - 2) - Méthé, Lucas

La guerre a séparé Gosse le Drômois et son ami ardéchois, Taigne. Mais il n'est pas question d'attendre, Gosse traverse le Rhône pour retrouver son camarade. Il arpente un territoire inconnu, suivant le Doux, persuadé que Taigne ne s'est pas éloigné du cours d'eau. Et bien entendu, les deux copains se retrouvent, peu perturbés par le conflit qui a opposé la Drôme et l'Ardèche. Ils ont d'ailleurs vite autre chose en tête. En effet, le Comité des Science les convie à Lyon pour leur confier une mission importante : inventer une machine à calmer les élans du Rhône.

Dans le premier tome, Gosse s'était révélé être un petit garçon très ingénieux, à l'origine de multiples inventions dont il avait envoyé les plans au Comité. Le voilà récompensé, mais la récompense est à double tranchant. Son génie est certes reconnu, mais maintenant, il va falloir se montrer à la hauteur !

Lucas Méthé nous fait encore une fois entrer dans cet univers si atypique. Comme pour le premier tome, il faut se réadapter aux illustrations très datées, qui semblent sorties d'une bande dessinée de nos grands-parents. Les traits sont parfois grossiers, surtout les visages des hommes adultes qui sont difformes et quelque peu effrayants. Mais on s'y fait, les jolies couleurs aidant bien, et on se concentre sur le scénario qui est vraiment sympa à suivre.

Le sujet central de ce tome est la mission du comité, mais il y a plein de petites péripéties à côté qui rendent la lecture vivante et dynamique. Les familles de Taigne et de Gosse donnent lieu à des épisodes particulièrement savoureux, notamment la rencontre musclée entre les deux pères. Il y a aussi le maître d'école gourmand, Bibi Longues-jambes, les autres inventions de Gosse, la découverte de Lyon, ce "grand village"...

Les dessins peuvent rebuter parce qu'ils ne ressemblent pas du tout à la production éditoriale actuelle, amatrice d'outils numériques, mais ce serait dommage de ne pas donner sa chance à ce récit, qui met en avant les valeurs humaines d'amitié, de famille, de fraternité, tout en n'oubliant pas qu'il y a des mauvaises gens partout. Le père de Taigne est un mauvais bougre mais par chance il n'aura pas transmis ses tares à son fils, qui sous ses airs bourrus est un petit garçon attachant.

Cette série originale est très chouette et je suis ravie que la fin de ce tome annonce une suite. Vivement !