Elsa Feuillet, jeune écrivaine, a toujours admiré l’œuvre de la grande Béatrice Blandy, disparue prématurément à la suite d’un cancer du sein.
Cette femme dont elle pouvait relire les romans chaque année, sans jamais se lasser, incarnait à ses yeux la réussite, le prestige et l’aisance sociale qui lui font cruellement défaut.
Bien qu’elle n’ait jamais cherché à la rencontrer en personne, Elsa souhaite lui rendre hommage à sa manière, autrement dit à travers un extrait qu’elle intègrera à son nouveau livre à paraître.
À la sortie de l’ouvrage, sa maison d’édition lui transmet une lettre de Thomas Blandy, producteur de cinéma et veuf de la célèbre romancière. Ce dernier, très touché par le clin d’œil à sa défunte épouse, invite Elsa à le rejoindre afin de faire plus ample connaissance lors de sa prochaine visite à Paris.
Poussée par la curiosité de connaître davantage la sphère personnelle de Béatrice Blandy, Elsa cède à la tentation et une idylle ne tarde pas à naître, malgré leur différence d’âge, entre elle et Thomas.
Si la jeune femme prend maladroitement ses marques au sein de cette haute société bourgeoise, de plus en plus fascinée par ce qu’elle découvre, elle se glisse peu à peu dans la peau de sa romancière fétiche. Quitte à se perdre dans un dangereux jeu de dupes avec elle-même…
Avec des allures de thriller, relativement troublant par l’évidente rapidité de la rencontre et l’évolution de la trame amoureuse entre les deux personnages principaux, ce court roman se lit vite mais bien. Presqu’un peu comme une fable avec une morale sous-jacente.
Son découpage en quatre parties permet d’amener crescendo une relative dynamique à l’intrigue plutôt convenue et peu originale quant au sujet principal : l’adulation et la manipulation qui amènent une femme à jouer avec le feu pour la gloire et la reconnaissance de ses pairs.
Carole Fives pose la question, qu’ont sûrement eu un jour tous les auteurs, de la légitimité à écrire, des parts de réelle créativité et de plagiat dans chaque nouvelle production littéraire. Son déroulement narratif lui permet d’égrener avec style des réflexions intéressantes qui finissent malgré tout par manquer d’épaisseur à la longue.
Ici c’est un peu le scénario du tel est pris qui croyait prendre et à défaut d’être une histoire révolutionnaire, celle-ci m’a tout de même donné envie de voir le fameux Rebecca. Enfin la version de 1940 par Alfred Hitchcock de l'adaptation du roman de Daphné du Maurier. Pas forcément celle remastérisée de Netflix et sortie en 2020 qui n’aura pas l’excuse de l’époque pour justifier certains clichés prévisibles un peu datés.