Les Chroniques de l'Imaginaire

Hollywood s'en va en guerre - Barde-Cabuçon, Olivier

Ambiance des années quarante aux Etats-Unis, la guerre s'enlise en France, la menace gronde outre-Atlantique, car même si on est loin, on se demande si on doit agir ; 1941, plus précisément, Hollywood grandit, les starlettes affluent, mais deux camps s'affichent : America first, le mouvement avec en tête l'aviateur Charles Lindberg comme leader, ceux qui ne voient pas l'utilité de participer au conflit, et les autres, ceux qui sont pour une intervention auprès des Britanniques.

Hollywood, le grand influenceur de l'époque, est prié par Roosevelt de faire comprendre aux Américains l'importance de se mêler à la guerre qui fait sombrer l'Europe. Il faut donc créer un film de propagande antinazi dans lequel la star du moment, Lala, doit jouer.

Mais Lala se fait voler des photos compromettantes de sa vie privée et engage Vicky Mallone, une femme détective privée, pour mener l'enquête. C'est elle l'héroïne du roman. Une simple histoire de photos ? Non, ce n'est que le début de rebondissements s'enchaînant au milieu de cette vie hollywoodienne.

Décors assurés, où nous passons de plateaux de cinéma aux villas luxueuses, des soirées mondaines aux hôtels miteux, Vicky Mallone se fera aider d'un certain Arkel plus proche du gouvernement que du monde des caméras. Un pasteur plus que douteux viendra compromettre son enquête et, attirée par les femmes, Vicky Mallone est aussi la cible de ceux qui ne respectent pas les codes.

D'ailleurs en parlant de code, petit rappel au début de chaque chapitre, d'un article du code Hays. Blasphème, sexe, violence, homosexualité, toxicomanie ou encore prostitution sont des thèmes souvent traités par le cinéma aujourd’hui. Mais pendant plus de trente ans, ils furent formellement interdits. C’est l’industrie américaine du cinéma qui a mis en place le code Hays en 1934. Dans un contexte où les scandales font rage à Hollywood, le but est de décourager les tentatives de censure officielle. Si le code Hays donne du fil à retordre aux cinéastes, ces derniers ne vont pas manquer d’ingéniosité pour le contourner ! Paradoxalement, cette censure a permis plus d'indépendance et de créativité pour le cinéma américain. Il fallait être inventif comme l'était Alfred Hitchcock d'ailleurs !

Bette Davis, Rita Hayworth, Jack Warner, Humphrey Bogart, Errol Flyn, et les maisons de production : la Columbia, la MGM, Lindqvist. Bref, personne ne manque. L'ambiance est superbe, et le lecteur est réellement plongé dans ce monde authentique du cinéma hollywoodien de ces années qui se cherchent, de ces années qui révèlent des stars mythiques inoubliables. On peut y voir le côté sombre et donc surtout cette période qui oppose les pour et les contre en ce qui concerne l'engagement des Etats-Unis dans le conflit de la seconde guerre mondiale.

Olivier Barde-Capuçon maitrise son sujet ; les détails et les anecdotes sont croustillants. De bonnes références historiques et cinématographiques au sein de cette usine à rêve, qui n'a jamais cessé d'attirer son petit monde fermé au milieu des paillettes et des tensions. Certains et certaines y brûlent leurs ailes, d'autres n'écloront jamais...