A Toulouse, du fond d'une camionnette, deux flics surveillent une bijouterie. Le groupe de surveillance monte un dossier sur un avocat véreux et ils ont reçu un tuyau sur une transaction suspecte entre le défenseur de la loi et le commerçant.
Il n'y a pas que la police qui a eu un tuyau en cette chaude matinée. Une bande de jeunes a aussi eu une info sur la bijouterie et tout ce qu'il faut pour opérer un casse facile et sans risque.
Dans leurs rêves. C'est leur premier.
Le bijoutier est amoché. Le bijoutier est armé et riposte.
Fusillade dans la rue, le chauffeur des braqueurs se prend une balle.
Pendant l'évasion, on change les places dans la voiture et leur pilote renverse mortellement une fillette.
Les deux flics, dont la présence doit rester secrète, ont reçu l'ordre de ne pas intervenir. Olivier Salva et Marcus Fleurot ont tous les deux fait une grosse connerie dans leur boulot et se retrouvent là plutôt qu'au chômage.
Olivier finit par intervenir. Les braqueurs s'enfuient. La fillette part en ambulance. Sans espoir.
La nuit suivante, le bijoutier est retrouvé sans vie dans sa chambre, sous protection policière, d'hôpital. Et c'est un euphémisme. Sa mâchoire est arrachée et son coeur est au fond de sa gorge.
Sire Cédric devient Cédric Sire à partir de ce roman. Cette inversion de nom est là pour marquer un changement dans ses livres. Le côté fantastique disparaît pour ne laisser que du thriller pur jus. Toutefois, hormis ce transfert de genre, tout le reste demeure. Que ce soit dans Vindicta ou dans La saignée, Cédric Sire maintient son style glaçant (malgré la chaleur du Sud-ouest) et aussi rythmé que sa musique favorite (mettez Judas Priest, Alice Cooper ou Moonspell pour la lecture).
Les auteurs qui me font dévorer (et relire avec un plaisir intense) leur roman de six-cents pages en quelques jours sont rares et Cédric Sire fait partie du lot.
A son habitude, nous avons des chapitres courts et des phrases courtes, que Cédric Sire manie adéquatement pour développer des accélérations brutales et mieux surprendre le lecteur (pensez au rythme de Painkiller). Le tour de force est, ici, en plus, de créer une ambiance réaliste, dure mais tellement vivante qu'on ne veut pas la quitter et déposer le livre. La construction de l'atmosphère et du suspense sont deux gros points forts de ce texte - une habitude de l'auteur - et cela reste valable même pendant une relecture !
Si le fantastique est retiré de l'histoire (pourtant l'affaire des frères Salaville existe dans cet univers), on garde le sang et le gore, ce qui est franchement bien et compense le fait qu'on perd en sexe. En fait, je n'ai pas encore trouvé d'équivalent à Cédric Sire en littérature, que ce soit en français ou en langue étrangère : Chattam et Masterton s'en approchent mais ils restent plus doux et moins prenants. Alors, si vous aimez ce style de thriller, foncez !
Car Vindicta est une histoire de vengeance. Sans pardon. Sans temps mort. Sans aucun remords pour le monstre réveillé.