Mila Stenson est à la tête de Stenson & C°, un conglomérat familial au sein duquel elle a créé une entité visant à développer les moyens d'une colonisation de Mars. Depuis quelque temps toutefois, elle a des soucis à la fois financiers et personnels. Après des rêves étranges et très vivants, qui tous concernent l'Antarctique, elle se réveille avec une tache noire au centre des yeux, dont aucun médecin ne peut trouver la cause.
En cette année 2070, à la surprise générale, le dérèglement climatique semble s'être inversé, et la Terre se refroidit depuis vingt ans, ce qui retire des crédits à la fois à l'exploration spatiale, puisque la Terre semble devoir rester habitable, et à la recherche scientifique, notamment la recherche sur le froid, qui est à l'arrêt depuis la quasi-disparition des glaciologues. Mila décide finalement de rejoindre les facilités de Self-HealthSteem (SHS), basée en Antarctique, à la fois pour y consulter le médecin qui fera des examens complémentaires de ses yeux, et pour voir ce qui s'y passe, malgré sa détestation pour le froid.
Paul Damann est un arpenteur employé par SHS, c'est par exemple lui qui retrouve une des pensionnaires échappée de sa chambre, et perdue en pleine tempête de neige. Il a plusieurs particularités qui en font un employé précieux : d'abord, il est exceptionnellement résistant au froid ; cet ancien peintre, qui a perdu toute vision des couleurs dans un accident de voiture au cours duquel sa femme est morte, est fasciné par la palette quasi-uniforme du continent glacé, et enfin, seul au monde, il s'est attaché à son binôme, Cryo, une jeune femme cabossée par la vie.
Valda Kalitsch, accompagnée de son assistant Cass Perick, est la dernière glaciologue employée par StensonCruise, l'entité du conglomérat qui organise des croisières autour de l'Antarctique. Lors d'une série de mesures à Paradise Bay, elle découvre une étrange répétition dans les tracés enregistrés par le sismographe. Mila Stenson, qu'elle rencontre à Ushuaïa, les emmène tous deux avec elle au siège de SHS. De là, accompagnés de Paul et Cryo, ils partiront vers Concordia, l'ancienne base de recherche abandonnée depuis des années.
Ce roman choral est porté par les voix de différents personnages, dont la plupart cachent de lourds secrets, que leurs pérégrinations glaciales vont peu à peu les amener à dévoiler. Outre cela, c'est tout un pan des recherches sur le froid qui se révèle, avec l'existence d'humains différents, adaptés, les "froiscients", aptes à communiquer, d'une certaine façon avec le froid, mais qui sont profondément divisés sur les modes de cette communication, jusqu'aux extrémistes de la Coda, des sectaires qui sont d'avis que le froid est à révérer comme un mystère.
Honnêtement, j'ai longtemps hésité à classer ce roman dans le genre fantastique, si je l'ai mis finalement en SF parce qu'il se déroule d'ici un petit demi-siècle, et qu'il a des aspects de Hard-Science, avec ses longues discussions sur la deuxième loi de la thermodynamique. Je dois avouer que cette peinture du froid comme être sentient m'a laissée, si j'ose dire, de glace. Sans doute est-ce le grand écart à faire entre l'aspect Hard-SF des lois physiques connues et cette mythologisation, cette personnalisation du Froid, que j'aurais sans doute aimé dans un univers de fantasy, qui m'a gênée.
Je ne suis pas arrivée à y croire, à tel point que j'ai peiné dans les deux dernières parties du roman, où de plus les rebondissements, et les révélations "scientifiques" s'enchaînent à un rythme beaucoup trop soutenu pour que je puisse rester attachée à des personnages semblant s'éloigner de plus en plus de l'humanité commune.
Je ne peux que saluer, toutefois, l'attachement lyrique de ce glaciologue de formation à son élément de prédilection, dont il décrit amoureusement les multiples facettes. Nul doute que tout amoureux du froid, ou tout amateur d'aventures dans une ambiance polaire, y trouvera des qualités qui m'ont échappé, outre, bien sûr, celle de faire totalement oublier toute canicule ambiante !