Gonzalo est le fils d'un viticulteur dans un petit village d'Estrémadure pendant la dictature de Franco. Guère emballé à l'idée de devoir reprendre l'exploitation viticole de son père et encore moins par l'obligation de faire son service militaire, Gonzalo décide de fuir l'Espagne et son père. Il s'en va en cachette sans prévenir personne à part son ami Marco qui lui prépare son périple. Avec deux autres compagnons de voyage, ils vont aller jusqu'en Allemagne. Grâce à leurs spectacles de flamenco, ils vont vivre là-bas pendant quelques années. Mais en partant pour s'installer à Nice, Gonzalo va être arrêté par la police française.
Pour éviter l'expulsion vers l'Espagne, il va s'engager dans la Légion étrangère et se construire une vie à peu près normale. Pendant une quinzaine d'années, il va repousser le moment où il doit reprendre contact avec son père par peur de sa réaction, persuadé que celui-ci lui en veut toujours de sa fuite. Jusqu'au moment où il a enfin le courage d'écrire à sa nourrice qui lui donnera des nouvelles l'incitant à revenir dans son village.
Bénédicte Belpois a construit un roman original, où chaque chapitre concerne un personnage du village ou un proche de la famille de Gonzalo. Chacun raconte une partie de sa vie en prenant ce dernier à témoin ou comme confident. Chaque histoire se rapportant plus ou moins à la vie de Gonzalo, lui permettant ainsi de regarder d'un autre œil la vie de son père et de mieux le comprendre. Ses amis et ses connaissances se confient, lui faisant découvrir une autre facette de leurs personnalités et de ce village en apparence bien tranquille.
J'ai beaucoup aimé cette construction narrative, chaque personnage a eu une vie difficile et intéressante et méritait bien un chapitre entier. Ces confessions permettent à Gonzalo d'évoluer en tant qu'homme et de découvrir tout ce qu'il s'est passé au village pendant ses longues années d'absence. C'est parfois émouvant, la vie de cet homme en perte de repères et perdu dans sa vie amoureuse nous touche forcément. Chaque histoire apporte son lot de joies, de tristesse et de malheurs mais sans jamais verser dans le pathos. Tous ces destins contrariés, ces vies malmenées se retrouvent dans ce petit village où chacun va réussir à trouver sa place ou presque.
L’atmosphère n'est jamais pesante, l'écriture simple et sans fioriture inutile. Ce roman est une lecture agréable qui peut s'apparenter à une suite de nouvelles mais qui au final en fait un beau roman sur les habitants d'une contrée un peu perdue de l'Espagne. On ressort de celle-ci avec le sourire.
