Ce roman prend place pendant la Grande Dépression américaine, qui suit le krach de 1929. Tom Joad, tout juste sorti de prison, décide de retourner dans sa famille, dans l’idée de travailler avec son père, métayer. Mais quand il arrive enfin à la maison familiale, c’est pour découvrir que toute la famille est sur le départ pour la Californie. En effet, entre les conditions météorologiques qui ont détruit les cultures et les demandes des propriétaires, la famille Joad vient d’être expulsée.
Des tracts ont été distribué dans la région. Ils vantent les mérites de la Californie et l’urgent besoin de main d’œuvre auprès des propriétaires terriens du coin, ils ont donc décidé de traverser le pays dans l’espoir de trouver du travail là-bas. Entassant leurs maigres possessions dans un camion, ils partent tous ensemble sur les routes, suivant la route 66 où d’autres pauvres gens comme eux partent pour la même aventure.
Ils ne savent pas vraiment ce qu’ils vont trouver là-bas, mais l’espoir d’une vie meilleure leur procure des rêves qui les poussent à avancer. Tom et sa famille partent donc pour une aventure qui doit changer leur vie.
C’est une nouvelle traduction que nous offre là Gallimard/Folio pour ce classique de la littérature américaine. Dans une langue révisée, sans élision, et en empruntant des tics de langage, des fins de phrases abruptes ou des mots qui manquent, la traduction nous livre ici un roman qui n’est pas sans rappeler les travailleurs pauvres chez Zola et leurs destins souvent tragiques.
Steinbeck a édulcoré les récits qu’il a recueillis pour écrire ce roman, mais les faits sont là : ces gens ont vécu un enfer. Obligés de se déraciner dans l’espoir d’un meilleur destin, ils se jettent sur les routes pour un périple de plus de deux mille kilomètres, rejoignant ainsi la noria de paysans expulsés de leurs terres. Sans aucune garantie de ce qu’ils vont trouver en Californie, ils rêvent de vergers abondants et d’une vie meilleure. Les descriptions sont à la fois riches et arides, en les lisant on voit le sol appauvri, la poussière qui est partout et on s’imagine très bien la famille Joad dans ses vêtements élimés, de plus en plus sales au fur et à mesure du voyage.
C’est un roman que j’ai trouvé difficile à lire mais très enrichissant. Je n’ai que très peu lu sur la période de la Grande Dépression, et cette histoire d’exil volontaire m’a plongée dans un monde que je ne connaissais pas. La froide brutalité du récit ajoute au drame qui se déroule sous nos yeux, et au fur et à mesure, l’impression d’inéluctabilité est de plus en plus forte en même temps qu’on s’attache de plus en plus à cette famille ainsi qu’à leurs compagnons d’infortune.
Couronné par un prix Pulitzer en 1940, ce roman est un monument à découvrir.