La planète Gaïa est dévastée par des spores qui la rendent peu à peu inhabitable. Le peuple continue à y vivre, tandis que les nobles de l'Empire se sont réfugiés à Ouranos, la ville-palais lunaire. Pour honorer le dieu soleil Phoebus et la déesse lune Luna, à leurs quinze ans, les garçons nés au solstice d'été rejoignent la garde de Phoebus, tandis que les filles nées au solstice d'hiver deviennent prêtresses au temple de Luna.
Cette année, les nouvelles recrues comptent deux enfants provenant du même clan, qui ont grandi ensemble et sont les meilleurs amis du monde. Hélas, le hasard a bien mal fait les choses : le brun Leto a un tempérament doux et sensible, il aime le calme et les études, tandis que la blonde Ambre est plus combattive. Ni vu ni connu, les deux adolescents échangent leur place ! Ils vont avoir fort à faire pour ne pas se faire démasquer...
Sous couvert d'une divertissante histoire type fantasy, Les enfants du solstice est un récit qui explore les questions de genre et d'identité sexuelle et le regard que la société porte sur elles bien sûr, mais aussi la lutte des classes avec des dominants au sommet écrasant ceux qui tentent de se rebeller, ou encore les différentes réponses face aux dégâts écologiques (rechercher des solutions ou fuir plus loin). La violence n'est pas absente, mais compensée par l'amitié, l'entraide. Malgré tous ces thèmes mélangés, on ne perd jamais le fil, et le récit conserve un bon rythme avec alternance de moments forts et de temps plus calmes.
J'adore le style graphique de Marianne Alexandre. Je suis tombée sous le charme de l'album jeunesse Le renard Tokela (2016) et j'attends avec espoir - mais un peu de découragement devant l'attente, quand même - la suite de la série Lothaire Flammes (2019/2020/2021). Donc forcément, j'ai été conquise visuellement par Les enfants du solstice. Les dessins sont beaux, précis et détaillés, rehaussés par une palette de couleurs douces. Les visages sont expressifs, les costumes admirables, certains décors sont criants de réalisme et j'avoue un petit faible pour les splendides pégases aux proportions parfaites.
Peut-être que je me fais des illusions, mais j'ai l'impression que l'autrice apprécie fortement certains dessins animés des années 80. Si j'avais cru reconnaître des évocations des Cités d'Or dans Lothaire Flammes, je ne peux m'empêcher ici de voir Lady Oscar, la rose de Versailles dans la silhouette d'Ambre, avec ses longs cheveux longs flottant au vent, son épée et son uniforme à épaulettes !
Seul regret, la fin un peu trop rapide et ouverte. J'aurais très envie de retrouver les personnages auxquels on s'est attachés dans de nouvelles péripéties !
C'est une très belle BD, au ton intime, avec des personnages forts et courageux, qui saura plaire aux lecteurs à partir d'une douzaine d'années. Une magnifique découverte !