C'est le premier livre de Pablo Neruda que je tiens entre mes mains. Et je le regrette, j'aurais dû rencontrer cette écriture si fluide, si sincère et si belle bien avant, dans mes choix de lecture. Ce petit livre reste court avec seulement cent quarante quatre pages environ, à gauche en espagnol et à droite la page en français, ce livret est constitué du quatrième chapitre de J'avoue que j'ai vécu, les mémoires inachevées de Pablo Neruda. Celles-ci ont été publiées en 1974 juste après sa mort. Dans cet extrait, nous faisons la connaissance d'un consul vers 1920 sans argent et ayant différentes missions en Asie du Sud est, entre Colombo, Ceylan, Singapour puis Batavia. Il y restera cinq ans.
Petit livre mais bien complet surtout sur les relations difficiles entre les indigènes et les colons. Neruda a du mal à y trouver sa place. Lui, le poète très célèbre fuyant le regîme Pinochet malgré son attachement au peuple chilien.
Une douce écriture, simple et facile, à laquelle on est sensible malgré les passages qui peuvent heurter. Je reste tout de même surprise par les couleurs, les senteurs, entre les orchidées et le santal. La sensibilité de l'écrivain nous touche. Son regard sur les femmes, les enfants, les rues, les rites et les coutumes est fascinant. Dans cette expérience, Pablo Neruda apprend, observe, expérimente. Ce récit autobiographique de voyage est palpitant entre les fumeries d'opium, les femmes birmanes, son regard sur la population locale, et les attitudes des colons. L'écrivain y apparaît comme un homme franc et sympathique. Deux mondes et deux cultures avec lesquels le poète vivra de façon neutre.
J'ai apprécié l'attachement qu il porte à sa mangouste Kiria jusqu'à ce que celle-ci disparaisse, le laissant dans une profonde mélancolie assombrissant son existence. Ce conteur hors pair nous laisse ici un récit poétique, doux, parfois drôle mais en tout point dépaysant.
Pablo Neruda, de son vrai nom Neftali Ricardo Reyes Basaltao, est un écrivain et homme politique chilien, né en 1904. Il met en exergue le Chili à travers sa poésie révoltante face au régime de Pinochet et à la dictature chilienne. Il est le lauréat du prix Nobel en 1971 et décède en 1974.
