Les Chroniques de l'Imaginaire

La flamme vaincue - Hall, Radclyffe

Dans une petite ville côtière d’Angleterre, à la fin du XIXe, Elizabeth est gouvernante pour la famille Ogden. Elle est chargée de l’éducation de Joan et Millie qui sont toutes deux brillantes à leur manière. Joan est très douée pour les études, tandis que Millie rêve d’intégrer le conservatoire de musique.

Joan et sa mère Mary ont une relation quasi fusionnelle, mais Mary refuse d’envisager que sa fille puisse la quitter pour aller faire des études. Avec le colonel Ogden, son mari, ils ne la voient que mariée et mère au foyer, pour perpétuer la tradition, tandis qu’Elizabeth sait que son élève pourrait réussir brillamment à Cambridge ou même Oxford.

Joan va donc grandir tiraillée entre l’amour qu’elle porte à sa mère, son envie dévorante de quitter sa petite ville de province pour aller faire des études et les sentiments qu’elle développe pour Elizabeth…

C’est un roman d’une densité incroyable que nous livre Radclyffe Hall avec des personnages très intéressants à découvrir. Tout d’abord Joan, dont l’ambition et les goûts s’affermissent en grandissant, et Elizabeth, prête à tout pour que son élève réussisse à vivre la vie qu’elle souhaite. Mais aussi Millie, qui ambitionne de devenir musicienne, tandis que Mary, la mère, aimerait garder Joan auprès d’elle, l’étouffant de son amour maternel presque malsain.

Le rythme de l’histoire est lent, mais je ne l’ai pas trouvé lourd à suivre car l’autrice se concentre sur les émotions de Joan, Mary et Elizabeth et les tourments qui les animent. En effet, il est difficile d’être une jeune femme avec de l’ambition à l’aube du XXe siècle et Joan, au début du roman, est clairement manipulée par sa mère qui aimerait secrètement qu’elle reste vivre auprès d’elle toute sa vie alors que Joan rêve de s’émanciper pour vivre avec Elizabeth. Elle n’arrivera pas, hélas, à s’extraire de l’emprise de sa mère, et c’est ce qui donne sa force à la fin du roman, dont l’issue parait inéluctable malgré tous les efforts d’Elizabeth.

Je n’ai lu les deux préfaces qu’après avoir lu le roman, et je vous conseille de faire de même, étant donné qu’il y a beaucoup de choses qui y sont dévoilées. La flamme vaincue est donc un très bon roman pour découvrir cette autrice, qui aborde des thèmes tel que l’ambition, l’émancipation, les relations amoureuses lesbiennes et l’abus émotionnel maternel.