Pendant le feu d'artifice de la Saint-Amadou, la maison a brûlé. A l'intérieur, le couple des propriétaires, Armand et Esther, qui vivaient chacun à son étage, sans plus se parler, depuis des années.
On soupçonne un incediaire récidiviste, Le Mérou, qui sévit dans la région depuis un bon moment. Pour le brigadier Bertrand, responsable de l'enquête, ça ressemble plutôt à un incendie accidentel. Chaque personnage impliqué va raconter ce qui s'est passé avant, pendant et après l'incendie.
Ce roman choral est écrit dans une langue riche, et chaque personnage est bien reconnaissable dans sa façon de s'exprimer, ce qui est toujours agréable pour qui lit. Tous sont aussi complexes et cohérents, qu'il s'agisse d'Elise et d'Abel, les deux locuteurs principaux, ou de Mallora et Esther, la mère et la fille qui se ressemblent tant.
Le résumé de l'éditeur présente la Maison Dieu comme l'arcane de "la destruction et la renaissance, le dévoilement des apparences". Il est intéressant de noter que cette lame est souvent référée à la Tour de Babel, et à l'hybris qui a présidé à sa construction, avant sa destruction par la colère divine. Fort habilement, l'autrice du roman fait "chuter" chaque personnage après qu'il a découvert quelque chose qu'il n'aurait pas dû apprendre (Abel), désiré ce qui n'était pas à sa portée (Justin, Mallora), ou davantage que ce qui lui avait été octroyé (Esther, Armand).
La fin du roman fait aussi allusion à la maison comme boîte de Pandore, et donne un vague cadre temporel, en annonçant une guerre à venir. L'histoire m'a paru assez atemporelle, même si elle est probablement située au tout début du XXe siècle, avec une empreinte encore forte à la fois des pensées magiques et connaissances populaires quant aux actions des plantes locales, et de la religion catholique, ce dont témoignent le personnage du père Edmond, et le destin de Mallora.
Cela dit, pour qui n'est pas vraiment porté sur les symboles, l'histoire est intéressante en soi, bien écrite et originale. Pour ma part, elle m'a donné envie de lire les autres romans de cette autrice, dont je retiens le nom.