Roman posthume de Franz Kafka, Le Procès ainsi que d'autres de ses œuvres font l'objet d'une nouvelle édition chez Folio à l'occasion du centenaire de sa mort. Les feuillets laissés ont d'abord été réagencés par son ami Max Brod, qui était son exécuteur testamentaire. Il lui avait demandé de détruire tous ses écrits après sa mort mais fort heureusement, Max Brod n'a pu s'y résoudre et c'est grâce à lui que cette œuvre étrange, voire absurde, est arrivée jusqu'à nous.
Le travail d'édition ainsi que bien d'autres renseignements encadrent le récit. Cela commence avec la préface éclairante de Philippe Lançon, puis en fin d'ouvrage entre autres un chapitre écrit par Régis Quatresous qui revient sur la façon dont l’œuvre a été traduite et retraduite. On trouvera comme dans la plupart des œuvres classiques une chronologie biographique ainsi que les notes de texte.
L'action est posée dès la première page : Joseph K, cadre dans une banque, voit deux hommes débarquer dans son logement pour l'arrêter. Pour quel motif ? On ne le sait pas. Toujours est-il qu'il est informé qu'il est accusé et qu'il y aura un procès.
Dès lors, Joseph K tente de comprendre ce qui lui arrive et de se préparer pour ce fameux procès. Il pose des questions, se rend au tribunal, monte dans les combles étouffants pour trouver les bureaux cachés, se voit proposer un avocat cloué au lit, fricote facilement s'il en a l'occasion... Chaque chapitre donne lieu à de nouvelles péripéties, qui mèneront sans doute au final à ce fameux procès. Joseph K se laisse glisser inéluctablement dans l'engrenage infernal installé sans qu'on sache de quoi il est accusé, ni par qui.
Il y a de la folie dans cette histoire, de l'insensé, car dans les faits rien ne fait sens. L'histoire est totalement improbable, tant du point de vue de l'intrigue que des personnages. C'est surréaliste et pourtant, dans cet absurde, tout se tient. C'est ce qui rend la lecture si intéressante et haletante. On se demande quand tout cela va s'arrêter, comment cela va bien pouvoir se terminer, tant Joseph K doit se confronter à des évènements et des rencontres divers et variés.
On peut lire le roman en gardant en tête les informations données dans le paratexte, mais on peut aussi choisir de se laisser prendre par le texte seul, se lancer sans repère, et s'abandonner au talent d'écriture et d’imagination de Kafka. Le Procès est aussi déstabilisant que prenant, aussi désespérant qu'amusant. C'est un titre à part, comme l'est sa célèbre Métamorphose. Des romans qui ne ressemblent à aucun autre et que cela fait beaucoup de bien de lire.