Une trentaine d'années après le débarquement sur les plages de Normandie, Dan McCook réalise des relevés cartographiques de la région pour le livre de l'un de ses amis historiens. Dans la glaciale campagne normande de ce mois de décembre inhabituellement froid, Dan entend l'histoire d'un mystérieux char Sherman abandonné au bord de la route.
Le 13 septembre 1944, un groupe de treize chars de combat a débarqué. Ils ont franchi l'Orne à toute vitesse pour arriver sur les troupes allemandes.
Les blindés américains ont massacré leurs ennemis, ne laissant derrière eux que des flammes et du sang. Là où Caen a dû être rasée pour mettre en déroute les Allemands, ici treize simples Sherman ont fait disparaître une division en une nuit.
La légende dit que ces chars étaient peints en noir et que les tankistes ne sortaient jamais la tête des écoutilles.
Les années ont passé, les flammes et le sang ont nourri la terre et un blindé, en panne, est resté sur le champ de bataille, entre une petite route et une haie. Les Américains ne l'ont jamais remorqué.
Ils ont soudé les trappes et un crucifix sur la tourelle.
Depuis lors, les habitants de la région ont la certitude que ce tank est hanté et qu'il ne faut s'en approcher sous aucun prétexte.
Pour Dan McCook, un peu de fantaisie locale ajouterait une belle anecdote au livre. Il grimpe sur le Sherman et commence ses investigations.
Ce bouquin est vieux. Il a été écrit en 1978 par Graham Masterton et compte dans ses premiers romans d'horreur. Cela se sent pour l'époque du récit (contemporaine) et l'odeur des pages (il ne semble pas avoir été réédité depuis la dernière édition Pocket Terreur de 2000 mais se trouve en occasion). Cet aspect désuet lui apporte un certain charme, tout comme l'avertissement de l'auteur et le démenti du Department of Defense US en introduction - ceux qui arpentent régulièrement les couloirs du château de Wolfenstein savent où est la vérité, évidemment !
Le jour J du jugement est un ouvrage à la fois kitsch et tout à fait convenu mais en même temps totalement amusant à lire. Masterton n'a pas dépassé les deux cents pages (il n'en fallait pas plus) sur ce roman qui s'avale à grande vitesse parce que, même si on sait vite qui va faire quoi et comment cela se termine, le voyage pour y arriver est particulièrement divertissant.
L'atmosphère glaciale, des personnages bien foutus, attachants et pas idiots, la description des Normands (par un Britannique - souvenez-vous de 1066) et la construction de l'histoire par l'auteur (le rythme est très bon) font que j'ai vraiment pris mon pied en lisant ce bouquin. Ajoutez à cela de la musique démoniaque en ambiance et vous aurez de quoi passer une excellente soirée de lecture.
A la fin, vous vous demanderez juste qui était le plus effrayant : le paysan normand ou le démon ?