La prophétie annonçait un élu parmi les demi-elfes pour réunir les siens et les mener sur une terre qu'ils pourraient faire leur. Grandir. Prospérer. Vivre en paix. A l'abri des hommes et des elfes qui n'ont que du mépris pour cette race de bâtards.
Une décennie après, un semi-elfe est né, portant la marque du prophète. Un jeune mâle qui grandit, esclave dans les mines de Se-Haal, jusqu'à ce qu'un jour un autre mineur reconnaisse la marque sur son épaule et que la révolte démarre. Les semi-elfes ont leur libérateur !
La prophétie annoncée dans le sang est en marche.
Dans la série des Elfes, j'avais laissé de côté les BD sur les demi-elfes après un tome quatorze (pris au hasard du rayon de la librairie) qui m'avait franchement déplu alors que je suis plutôt bon client des Terres d'Arran. J'ai retenté le coup avec le premier épisode sur les demi-elfes, ce quatrième opus des Elfes, L'élu des semi-elfes et… ce n'est pas mieux.
On démarre d'une prophétie qui devient une révolte puis une migration avant de se transformer en escarmouche forestière (on peut difficilement appeler cela une guerre).
J'ai le même problème qu'avec le tome quatorze. L'histoire de Corbeyran est trop simplifiée, trop raccourcie pour entrer dans un format one-shot. On bondit entre les ellipses pour se retrouver face à des personnages soi-disant connus dont on n'a jamais entendu parler, les acteurs principaux ne font pas forte impression, une autre légende croise la prophétie, les actions des elfes sylvains sont racontées alors qu'elles sont hors du cadre du narrateur Jih-Biin, le tout sur un fond de complot foireux (chez les sylvains) ou harry-potterien (chez les demis). Il y a de la matière (et l'ambition) à une bonne histoire mais soit en l'étalant sur plusieurs épisodes (ce n'est pas ce qui manque dans la série, pensez aux bleus ou aux noirs) ou en se concentrant sur l'un ou l'autre thème particulier - imaginez Le seigneur des anneaux rétréci à la taille du Hobbit ou Les affranchis de Scorsese sur la durée d'un épisode de série. J'ai de meilleurs souvenirs de l'élu de Matrix que je n'ai pas vu depuis vingt ans que de Nah-Thaal et du forgeron à écailles alors que j'ai lu l'album ce matin.
Au niveau du dessin de Bordier, c'est tout à fait correct, dans la moyenne des univers Elfes / Nains / Mages… Les mouvements et la dynamique sont bien mis en images. L'ambiance des décors est adéquate.
Par contre, quelques défauts habituels du genre reviennent un peu trop souvent sur les cases : des visages terriblement expressifs, des poses de héros (ce n'est pas parce notre peuple vagabonde depuis des années qu'il faut manquer ses trois heures de salle de muscu' quotidiennes), des vues de groupe bad ass dans tous les sens et des bizarreries comme le nombre de gauchers dans les personnages dessinés. Enfin, pourquoi avoir mis des têtes d'hommes-bêtes à une grande partie des semi-elfes ?
Etrangement, les décors et les protagonistes m'ont fait penser à l'univers de Skyrim. Les armures, les oreilles pointues, les casques à cornes et les montagnes enneigées, je présume ?
Bref, ce premier tome sur le cycle des semi-elfes me conforte dans mon impression initiale. Ce peuple est tout à fait passable dans la grande série des Terres d'Arran.