Les Chroniques de l'Imaginaire

Quelque chose sur le coeur - Antoine, Amélie

Basile vient de passer en CM1 et, dès le début de l'année scolaire, un nouvel élève lui mène la vie dure. Il s'appelle Lucas, est plus grand, plus charismatique, et petit à petit, il réussit à attirer les autres enfants de son côté. Il a fait de Basile sa cible depuis qu'il a vu la cicatrice qui lui barre le torse à la piscine. Il l'appelle le robot. Il l'invective, le malmène, l'humilie. Basile se retrouve seul, même son meilleur copain Giovanni s'est détourné de lui. Il ne joue plus au foot avec les autres, personne ne vient s'asseoir à côté de lui à la cantine. Il n'a plus personne à l'école.

Lorsque sa famille s'aperçoit de ce qu'il se passe, sans prendre la mesure de la gravité car Basile est un enfant courageux qui prend sur lui, ses parents lui donnent des conseils opposés. D'un côté "ignore-le", de l'autre "ne te laisse pas faire". Mais les deux options se retournent contre Basile. Lorsque l'institutrice est avertie, c'est elle qui fait la leçon à toute la classe. Mais là encore, cela se retourne contre Basile, qui n'est plus seulement Basilator mais Basilator-la-Poucavator. La situation de Basile semble sans issue. Jusqu'à ce que sa grande sœur lui propose un autre angle de défense en prenant le jeu de Lucas à revers.

Si je pousse aussi loin le résumé en révélant les différentes étapes de ce roman sur le harcèlement scolaire, c'est que cet ouvrage va au-delà de l'histoire "divertissante". Il s'agit d'un roman avec une forte portée pédagogique, une aide pour les enfants, parents et adultes confrontés à cette problématique. Comme l'analyse la psychopraticienne Emmanuelle Piquet dans la postface, le texte permet de se mettre à la portée d'un enfant victime de harcèlement et de pointer du doigt les mauvaises méthodes d'intervention des adultes, qui pensent bien faire mais ne font qu'aggraver les choses. Dans ce roman, les conseils et interventions des trois adultes, aussi bien-intentionnées soient-elles, mènent à une impasse et empirent la situation.

Heureusement, Clémentine parvient à trouver le moyen de redonner confiance à son frère pour l'armer et contre-attaquer. Je garde au moins du suspense pour cette dernière partie du roman qui fait du bien à tout le monde. A Basile en premier lieu, à sa famille ensuite, et aussi au lecteur qui suffoquait de colère et de tristesse face à tant de méchanceté.

La talentueuse Amélie Antoine a réussi à créer un personnage très touchant. Basile est un petit garçon comme tant d'autres, sympa, gentil, qui aime le foot et jouer au boomerang, et qui tait sa peine et sa peur pour ne pas inquiéter ses parents. Le récit est dynamique, rythmé, à hauteur d'enfant. L'autrice est décidément douée pour la littérature jeunesse, ses histoires et ses personnages sont très réussis et, même si le sujet est difficile et pesant, j'ai lu Quelque chose sur le cœur d'une traite. C'est un excellent roman et un futur incontournable pour aborder le thème du harcèlement scolaire avec les enfants.