Les Chroniques de l'Imaginaire

Rétiaire(s) - DOA

Au sous-sol du 36 Quai des Orfèvres, un cri retentit puis un coup de feu résonne. Nourredine Hadjaj, délinquant multi récidiviste, vient d'être abattu à bout portant par Théo Lasbleiz, commandant de police de la PJ. Ce dernier a ensuite retourné l'arme contre lui. Lorsque la capitaine de Gendarmerie Amélie Vasseur apprend la nouvelle, elle est interloquée : ce Hadjaj allait être entendu par ses services et allait balancer d'autres trafiquants de drogue et même donner le nom d'un flic pourri.

Tentant de comprendre la raison de cette exécution, Vasseur va devoir rencontrer Lasbleiz, qui a survécu à sa tentative de suicide, et enquêter sur lui et certains de ses contacts. Car elle sent que ce meurtre a un lien avec son enquête sur un trafic de drogue et qui concerne les Cerda, un clan de gitans yéniches mené par Momo Cerda et son demi-frère Manu. S'ensuit alors une sombre histoire aux multiples ramifications et chausse-trappes.

DOA, c'est d'abord un style sans fioriture, des dialogues percutants, un texte imagé plus proche des dialogues de La Haine que de la grande littérature. L'argot est omniprésent, et l'on est totalement immergé dans le contexte de son intrigue, dans ce milieu de flics borderline, de gitans et de voyous. C'est sombre, glauque parfois mais toujours très cinématographique dans sa manière d'aborder et de décrire certaines situations.

L'auteur est très précis dans ses "Interludes" sur le trafic de drogue venant de Bolivie, sur les différentes implications, sur le rôle d'hommes politiques mondialement connus. Tout est très détaillé et nous permet de bien comprendre l'étendue du trafic et la quasi impossibilité d'y mettre fin. Trop d'argent en jeu, trop de corruption et surtout des hommes prêts à toutes les pires violences pour que cela s'arrête.

J'ai aimé sa description du fonctionnement de ce clan yéniche, des liens qui les unissent. Les personnages sont charismatiques et sans pitié pour ceux qui se mettent en travers de leur chemin. Il semblerait que DOA se soit inspiré de l’histoire des frères Hornec pour son polar, des figures du grand banditisme des années 1990/2000.

Que ce soient les Corda, les flics ou les personnages secondaires, tous sont marquants. Et chacun a un rôle important dans cette intrigue complexe et sinueuse où les trahisons sont multiples et la vengeance omniprésente. Ce livre est un régal pour les amateurs du genre. J'avais lu Pukhtu du même auteur dans un autre genre, j'avais adoré et là DOA m'a encore convaincu par la qualité de son intrigue !